31 oct. 2011

I PUT A SPELL ON YOU : "J'séduis pas, j'envoûte !"

A l'origine ce devait être une chanson d'amour raffinée, un genre de ballade blues pour faire chavirer les cœurs... Taper la frime pour les minets en déballant la sérénade aux oreilles des midinettes. (Sreamin') Jay Hawkins n'était encore qu'un chanteur de blues qui ne se distinguait pas particulièrement d'autres artistes, sauf peut-être de par son enfance passée avec les indiens Blackfoot (Niitsitapii). En 1956, Hawkins est en session pour l'enregistrement de I Put A Spell On You, le producteur a alors la bonne idée de débarquer avec des pattes de poulet et de l'alcool à gogo - vin, scotch, bourbon, vodka, gin et rhum. Les préliminaires achevés, tout le monde dans le studio est fin bourré au moment où commence la première prise et le résultat est à l'exact opposé de ce qui avait été envisagé au départ... Hawkins dira plus tard ne même plus se souvenir de la façon dont il a enregistré ce morceau d'anthologie musicale flirtant allègrement avec le cannibalisme amoureux et le vaudou version dark side...

28 oct. 2011

L'EMBRASEMENT (Film - 2006) : En mémoire de Bouna Traoré & Zyed Benna

Souvenez-vous : C’était il y a tout juste six ans. Le 27 octobre 2005, à Clichy sous Bois, en banlieue parisienne. Pour échapper à la police (une patrouille de la BAC), trois ados, Bouna Traoré, Zyed Benna et Muhittin Altun se réfugient dans un transformateur électrique EDF. Deux d'entre eux, Bouna 15 ans et Zyed 17 ans, vont mourir électrocutés, le troisième, Muhittin, va miraculeusement survivre à ses brûlures. Moins de deux semaines plus tard, le gouvernement de Dominique de Villepin décrète l’état d’urgence. Entre temps, les banlieues se sont embrasées. Le soir même du drame à Clichy sous Bois. Dans les jours qui suivent dans de nombreuses autres agglomérations. Le calme ne reviendra qu’à la mi-novembre : on compte alors entre cent trente et deux cent blessés et quatre mille sept cent  personnes interpellées. En avril dernier, la cour d’appel de Paris accordait un non-lieu aux deux policiers mis en cause dans la mort des deux petits gars à Clichy...

24 oct. 2011

AGUIGUI MOUNA - Le Seul Qui Ne Déçoit Pas !

Il n'est jamais trop tard pour se rappeler des personnages qui ont durablement marqué leur époque et même dont la pensée et l'action demeurent de circonstance bien des années après leur mort. Aguigui Mouna est un de ceux-là. Agitateur, orateur talentueux, homme cultivé, poète dans la vie, militant et propagandiste pacifiste, bonhomme d'humeurs et d'humour, individualiste soucieux du bien-être de ses contemporains, libertaire et philosophe, Mouna était tout cela à la fois. J'ai découvert son nom graffité sur une table quand j'étais encore au bahut, c'est dire comme le temps passe ma bonne dame. L'auteur demeuré anonyme avait écrit au marqueur rouge sur pratiquement toute la longueur de cette fameuse table : Aguigui Mouna Le Seul Qui Ne Déçoit Pas ! Il m'est par la suite arrivé de le croiser sur le parvis de Beaubourg ou dans certains festivals off comme celui de Bourges, où le pépère était très vite reconnaissable à son couvre-chef bariolé couvert de badges, sa barbe et son étrange triporteur...

22 oct. 2011

ELECTRIC ELECTRIC - Sad Cities Handclappers (2009)

Hydraviolet from Sad Cities Handclappers

20 oct. 2011

CONTOURNER LA CENSURE SUR INTERNET !

A moins que vous ne reveniez d'un voyage dans l'espace où qu'on vous ait sorti de votre caisson cryogénisé il y a quelques heures à peine, il ne vous aura pas échappé que nous vivons une époque formidable où ce ne sont plus uniquement les régimes totalitaires qui se livrent à la censure et à l'espionnage des populations sur internet. En Belgique, il est désormais plus compliqué d'accéder au site Pirate Bay tandis qu'en France, après avoir exporté - notamment en Lybie sous le régime de Kadhafi - la technologie du Deep Inspection Packet via la société Amesys, on n'hésite carrément plus à censurer des sites comme Copwatchnord-idf dont le seul tord serait de dénoncer les excès de zèle de certains policiers...

18 oct. 2011

MOJO - The Roots Of The Sex Pist0ls (2005)

En remontant la rue d'Avron vers la Porte de Montreuil, après avoir traversé le Boulevard Davout, le dimanche, on commence à pouvoir zieuter la broc' posée sur les tapis des vendeurs à la sauvette. De la camelote de biffin tous azimuts, c'est tranquille, ça met en jambe avant les puces de l'autre côté du périph'. Même accompagné, tout en parlant on  a les mirettes vagabondes qui roulent sur le macadam. On décortique fissa les breloques, les fringues, le toc et tout le bastringue !  Ce qu'on risque d'y trouver, on ne sait pas encore qu'on le cherche. Côté CD, la Mule ou le Direct DL sont déjà dans la place depuis un moment mais ça n'a pas vraiment changé la donne. Toujours les même daubes genre Skyrock ou les hits ringards de Perpète-les-Olivettes... Et d'un coup, bingo ! La perle rare, le Graal du vintage entre une paire de pompes et un lot de briquets fluos. Rapide marchandage avec du cash en pogne, toujours de la menue monnaie et pour même pas le prix d'une boite d'allouffs au buraliste du coin, 15 titres anthologiques réunis sur une même galette, la grosse balle quoi !

17 oct. 2011

PIERRE & LE LOUP - Suzie Templeton (2006)

Le conte musical Pierre et le loup est né de la rencontre entre Sergueï Prokofiev et Natalia Saz alors directrice artistique du Théâtre central pour enfants de Moscou. Nous sommes dans les années 1930 et l'œuvre est finalisée en 1936. Texte et musique sont écrits par Prokofiev, Natalia récite le texte tandis qu'un orchestre ponctue les intermèdes de l'histoire. La particularité de ce conte réside dans la très pédagogique trouvaille qui associe chacun des personnages du récit à un instrument. Pierre : le quatuor à cordes, l'oiseau : la flûte traversière, la canne : le hautbois, le chat : la clarinettele, le loup : les cors, le grand-père : le basson, les chasseurs : bois et cuivres, par exemple la trompette (les coups de feu sont illustrés par des coups de timbales et de grosse caisse). Le but étant de sensibiliser les jeunes oreilles aux sonorités de divers instruments...

16 oct. 2011

JEAN-CLAUDE MICHÉA : Invité Des Matins De France Culture

A l'instar de cette tonitruante tirade audiardienne : "Il y a des patrons de gauche ! - Il y a aussi des poissons volants mais qui ne constituent pas la majorité du genre..." (in Le Président), on pourrait presque dire avec Jean-Claude Michéa: "Il y a aussi des socialistes de gauche mais qui ne constituent pas la majorité du genre !". Un trublion le J.C, un type qui fait du "remue-méninges" et ferait bien le ménage dans certains partis de gauche qui ont tendance à frayer un peu trop dans les eaux troubles du libéralisme économique. En ce jour de finale des primaires socialistes, il semble pertinent de revenir sur certains fondamentaux, voire d'élargir les perspectives historiques. Attention, en surfant tranquillement sur le net avec le nom du bonhomme, on tombe aussi bien sur des sites à tendance franchement libertaire que sur des pollutions de la pensée universelle. Michéa a fait sienne cette citation de Georges Orwell: "Pour défendre le socialisme, il est absolument nécessaire de commencer par l'attaquer." A bon entendeur...

13 oct. 2011

BALBINO MEDELLIN - La Catalogne Sur Le Bitume De Paname

Gitan De Panam (2006) a atterri sur ma platine quand le Jack Daniels était un compagnon pour des voyages hasardeux dans les entrailles de la ville. La marmaille nue de Mano Solo avait déjà laissé son empreinte dans mon caberlot de baroudeur les soirs de blues où l'asphalte invite le quidam à jouer les funambules sur le fil d'une lame de rasoir. J'ignorais alors les filiations, les copinages entre le Balbino de Pigalle ou tes yeux et les peintures sonores de Mano, leur collaboration sur Les animals (cinquième album du gars M. Solo) avec le duo Barrio Barbès. En 2005, Balbino Medellin a même chanté avec Bernard Lavilliers dans son Escale au Grand Rex sur la chanson Les mains d'or. Le hasard n'existe pas, Balbino est bien le rejeton parigo, enfant de la dalle, d'origine catalane qui revendique la paternité de ses ainés, Ferré, Lavilliers, poètes et troubadours issus du peuple.

12 oct. 2011

LE TRIO JOUBRAN - Le Voyage Au Son Du Oud

Trois frangins unis par une même passion: Le Oud. L'instrument est d'ailleurs au cœur de la tradition musicale de cette famille palestinienne qui s'est transmise de père en fils. Depuis quatre générations, les Joubran fabriquent jouent et aiment le Oud. On dit du Trio Joubran qu'ils ont le tarab qui serait l'équivalent du Duende pour le Flamenco. Et c'est vrai qu'à l'écoute de leur cinduième album "As Fâr", les émotions qui s'invitent en nous et parcourent nos chairs ne trouvent pas de mots suffisamment puissants et évocateurs pour décrire cette bouffée de bien-être emprunte de nostalgie qui serpente entre les notes jouées, cristallines et chaudes à la fois. Entre virtuosité et invitation au Voyage (Traduction d' As Fâr), les sept compos de cet opus s'envolent depuis la terre de Palestine, franchissent les murs (de la honte) et se répandent partout où la musique transcende la réalité parfois tragique dont elle est issue.

8 oct. 2011

HANNI EL KHATIB - Back In The Garage With My Bullshit Detector !

Dès que ça sonne brut de décoffrage côté gratte et néandertalien aux drums, j'ai les esgourdes qui tournent comme des radars et l'adrénaline qui monte ostensiblement. Voici une petite galette automnale qui devrait réchauffer vos carnes encore saisies d'effroi par la vague polaire qui s'incruste après un été indien. En plus, c'est en provenance directe de Californie où l'on imagine que l'autochtone a les glaouis bien détendues dans le bermuda sous le cagnard. L'ascendance philippine et palestinienne du sieur Hanni El Khatib en rajoute une couche sur le côté "muy caliente" de l'affaire. L'album sorti il y quelques jours s'appelle Will The Guns Come Out, 11 titres et rien que du bon gros son groovy aux entournures qui n'est sans doute pas pour déplaire à un certain Jack White...

6 oct. 2011

ICI ON NOIE LES ALGÉRIENS - 17 Octobre 1961: Film Documentaire De Yasmina Adi

Photo de Jean Texier (L'Humanité/Keystone)
"La lutte de l'homme contre le pouvoir est la lutte de la mémoire contre l'oubli." Milan kundera.
Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon, Préfet de police de Paris. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police. (Source : Collectif 17 Octobre) Voici les faits tels qu'ils sont rapportés aujourd'hui, 50 ans après ce "crime d'État". Entre-temps, il aura fallu beaucoup de courage et de ténacité à certains témoins de cette époque pour qu'enfin un début de vérité soit énoncé clairement sur ce massacre au cœur de Paris sous la Cinquième République, c'est à dire sous le même
régime démocratique dans lequel nous vivons encore actuellement. L'occasion nous est offerte maintenant de dénoncer 50 années de censure (cinématographique, entre autres, avec la sortie du film Octobre à Paris de Jacques Pajinel) et de contre-vérités sur ce que fût la France coloniale depuis les années 1830 jusqu'à aujourd'hui. N'oublions pas le ton péremptoire utilisé par "Little Goulash" pour le honteux discours de Dakar.

3 oct. 2011

ANE BRUN : "Norvegian Mood & Blue Suede Chose..."

Laisse aller, c'est pas exactement une valse mais c'est pas grave... Depuis une petite dizaine d'années, Ane Brun laisse échapper ses mélodies intimistes, ses mots qu'on imagine griffonnés sur des calepins, des bouts de table et jusque sur les post-it du frigo. Et puis surtout elle les chante avec une apparente simplicité, une étonnante fluidité. Sa voix est posée, sans hésitation, on sent la môme un brin entêtée, à mi-chemin entre les fjords profonds baignant dans la mer de Norvège et l'incandescence brutale des émotions qui la submergent. Avec plus d'une dizaine d'albums à son actif et des tournées nombreuses à travers l'Europe, Ane Brun vient poser ses valises le 15 octobre au Trianon (PARIS 18ème - 27,5 € - ben ouais c'est panam-boboland) et le 17/10 au Botanique à Bruxelles (rue Royale - 14,50 € - No comment !)...

1 oct. 2011

APOCALYPSE NOW (1979) - Au Cœur Des Ténèbres...

Réalisé par Francis Ford Coppola et sorti en 1979, Apocalypse Now est resté dans les mémoires de ceux qui l'ont dévoré avec tous leurs sens en éveil comme une aventure, une exploration dans les tréfonds de l'âme humaine. Ce film n'est pas un film de plus sur la guerre du Vietnam, c'est un film qui utilise comme "véhicule" la boucherie et l'inoubliable branlée que fut cette guerre de colonisation. Parce que les États-Unis sont restés à jamais marqués par cette première et cuisante défaite depuis la seconde guerre mondiale, parce que cette jungle investie par le Viêt Minh et donc infestée d'ennemis Việt Cộng a traumatisé toute une génération de jeunes américains, incapables souvent de se réinsérer dans la vie civile, Coppola a saisi là l'occasion, me semble-t-il, de faire une œuvre dédiée à la précarité de la morale qui régit les sociétés occidentales - et à l'hypocrisie qu'elle sous-tend - lorsqu'elle se trouve confrontée à l'indicible cruauté, la profonde horreur de la réalité de la guerre. Apocalypse Now est un aller-simple vers les ténèbres où l'horreur et la terreur sont soit vos pires ennemis, soit des compagnes dont vous ne vous débarrasserez plus...