Dans un champs de coquelicots, j'ai goûté les fruits jolis. Bonbecs acides et fleurs nacrées je les avais presque sur le bout de la langue, dans mes paumes huilées. Un incendie de ventres à terre en pleine mer, depuis les bancs salés balayés par la sueur des vagues jusqu'aux confins des chairs entrelacées, j'ai voyagé, surfé sur les éboulis de majestueuses beautés alanguies. Quitter ces havres et flotter à nouveau parmi les fleurs de pavot, les morts annoncées qui tendent vers des minutes d'éternité et revenir m'étendre sur le lit de mes incertitudes. Des cavernes chaudes et lumineuses hantent encore mes rêves d'étreintes tribales. Des courbes soyeuses, véritables nids à caresses ont laissés leurs empreintes sur mes mains dans leur recto, dans leur berceau là où se nichent les bonheurs éphémères, où se creuse la profondeur des rides du temps. Délectables cicatrices, tatouages de mes vices, témoignages des vies passées à survoler les coquelicots, à estampiller les calicots de mes vœux secrets... Enfouis les sentiments, en fuite les les peines étranges et les absences du cœur-à-corps, elles sont fugaces les images de vous, passagères clandestines. Je reviendrai boire de ces liqueurs d'abondance, encore et toujours, mon ivresse est faite d'errances sur les embruns des cambrures douce-amères. Les vacances de mon âme incertaine viendront se poser sur les lèvres sanguines des coquelicots les jours de grand vent, je m'y allongerai solidement arrimé au radeau, et les murmures de nos solitudes soudées y seront plus féroces et triviaux que jamais. Le grand saut dans les humeurs moites peuplées de gémissements quand on voudrait hurler, les cascades d'émotions chavirées, tout cela je le cherche dans un horizon fait de champs de coquelicots plus rouge et plus envoûtant que tous les sortilèges déjà épuisés. C'est sans fin ces saisons sans raison, c'est l'abîme des anges et la fierté animale des démons.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire