La préfecture saisit l'IGS après le matraquage, mardi place de La Bastille à Paris, de deux journalistes de Canal + et TF1.
Deux  journalistes ont été frappés par des CRS ce mardi 12 octobre au soir à  la Bastille : un preneur de son de TF1 qui tournait un reportage, et un  journaliste de Canal + qui ne travaillait pas mais brandissait sa carte  de presse. Ces agressions, filmées par l'agence de presse Moaspress,  suscitent l'indignation de Reporters sans frontières. Dans un communiqué  diffusé mercredi soir, la préfecture de police de Paris indique qu'elle  va saisir l'Inspection générale des services pour « faire toute la  lumière sur cette affaire ».
Que des manifestants soient matraqués  sans raison par les CRS à la fin d'une journée de manifestations est  devenu chose coutumière, semble-t-il. Ainsi, ce témoignage d'une mère de famille,  publié ce mercredi matin par Rue89, tabassée alors qu'elle passait près  de la colonne de la Bastille avant d'aller récupérer son fils au  solfège...
Cette femme se trouve être journaliste, mais n'était pas  identifiée comme telle. Que deux journalistes clairement identifiés  soient matraqués par des CRS est en revanche chose plus rare. Le  secrétaire général de Reporters sans frontières, Jean-François Julliard,  explique à Rue89 n'avoir « jamais vu ça » :
« J'ai déjà vu des  cas de violences policières sur des journalistes lors de manifestations.  Mais là, au point de faire tomber un journaliste et de lui matraquer  les jambes, non. D'habitude, c'est en Russie qu'on voit ça. »
Le journaliste de Canal encaisse « des coups qui font mal »
Le  journaliste en question est Thierry Vincent, de l'émission de Canal +  Spécial investigation. Il ne travaillait pas ce jour-là, mais était venu  manifester, et aussi observer les événements pour une enquête sur  l'ultra-gauche qu'il termine en ce moment.
Peu avant 20 heures, il  s'approche de l'opéra Bastille et voit les CRS « charger comme des  malades » en « matraquant tout ce qui passait ». Il reçoit un coup de  matraque, et s'indigne. On distingue bien ce qui se passe ensuite  derrière le logo de l'agence Moaspress. Au total, un coup derrière  l'oreille, et un derrière la jambe, « des coups qui font mal ». Mais le  journaliste n'envisage pas de porter plainte. Selon les journalistes  présents sur place, les CRS dégageaient ainsi le passage pour les  pompiers, qui voulaient éteindre un petit feu de banderoles.
Un journaliste de TF1 : « Ils avaient envie de taper »
Peut-être  aura-t-on aussi de la part du ministère de l'Intérieur des précisions  sur la deuxième agression de journaliste survenue ce soir-là : il s'agit  cette fois du preneur de son d'une équipe de TF1, Yvon Aluni, non loin  du feu en question, et toujours vers 20 heures. 
Le preneur de son, qui reculait à la demande des CRS, a reçu deux coups de matraque avant celui qu'on voit à l'image.
Patrick Ninine, le journaliste de TF1 qui l'accompagnait, a trouvé « la réaction des CRS démesurée » :
«  Pour laisser le passage aux pompiers, ils se sont mis à frapper,  notamment un type un peu aviné avec une bière à la main, qu'ils auraient  très bien pu interpeller. Au lieu de ça, ils lui ont donné un coup de  matraque puis un grand coup dans le ventre.
On a clairement senti qu'ils se défoulaient, qu'ils avaient envie de taper. »
Cet épisode rappelle furieusement la mésaventure survenue à un photographe de l'AFP,  à Lyon en 2008 : alors qu'il couvrait une manifestation, des policiers  l'avaient interpellé et avaient effacé toutes les photos qu'il avait  prises. Avec cette précision :
« C'est interdit de faire des photos. Maintenant, c'est comme ça. »
Mis à jour le 13/10/2010 à 22h55 : dans un communiqué diffusé mercredi soir, la préfecture de police de Paris indique : « Suite à ces images, et afin de faire toute la lumière sur cette affaire, le préfet de police de Paris a décidé de saisir l'IGS », l'Inspection générale des services.
Illustration : THIERRY GUITARD

 
 
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