15 janv. 2013

VOÏNA - PUSSY RIOT : Lutte, Sexe & An'Artchie à La Russe !

Voïna, une bande d’anarchistes à l’assaut du pouvoir, ai-je pu lire dans un numéro des Inrocks - que je reproduirai néanmoins plus loin. La confusion peut encore s'expliquer mais les termes sont inadéquats ( merci M. Audiard ;-). D'abord, aucun anarchiste digne de ce nom ne veut le pouvoir, il cherche au pire à le détruire, au mieux à en dénoncer les abus et là on est dans la démarche radicale, artistique des Voïna et autres Pussy Riot ! Si je parle de ces collectifs aujourd'hui, c'est déjà parce que cela fait un bon moment que je m'intéresse à cette forme de contestation radicale & inventive mais c'est aussi parce que le 16 janvier 2013, demain, sera une journée de manifestation mondiale pour obtenir si possible (!) la relaxe de Maria Alekhina l'une des deux membres des Pussy Riot condamnées à deux ans et demi de camp pour “hooliganisme” et “incitation à la haine religieuse”. En effet le tribunal statuera demain sur la demande de report de peine déposée par les avocats.

Je livre donc ici une interview que le groupe Voïna avait accordée aux Inrocks en mai 2011 car elle résume particulièrement bien l'état d'esprit de ces militants courageux qui affrontent un système où il semble qu'un seul homme, Poutine, gère tous les rouages politico-économiques en s'appuyant habilement sur l'Église Orthodoxe comme l'un de ces rouages qui maintient la population sous la domination. Leurs aspirations ne sont pas non plus de vivre comme en occident, en simple consommateur, et c'est aussi ce qui fait tout l'intérêt de leur discours. La situation sociale de cet immense pays est bien sûr beaucoup plus complexe mais n'ayant pas eu la chance d'y voyager, tous les commentaires seront les bienvenus. Disons quand même que dans l'ensemble, et même si pour une fois le "président" russe n'est pas un alcoolique notoire (d'autres vices cachés, peut-être ?), le pays ressemble à une dictature déguisée en démocratie.


Voïna, une bande d’anarchistes à l’assaut du pouvoir | LES INROCKS - 03/05/2011
Ils ont dessiné un pénis géant face au bâtiment des services secrets russes, ont été libérés de prison grâce au street artist Banksy, ont remporté un prix national d’art contemporain… Le parcours atypique de Voïna, groupe d’activistes en lutte contre un pouvoir tout-puissant.
Photo: Partouze dans la salle de nutrition et digestion du Musée national de biologie de Russie. (Thomas Peter/Reuters)

Pour rencontrer les activistes de Voïna (guerre en russe), il faut commencer par prendre contact, uniquement par Internet "à cause des écoutes". Après, on doit les convaincre de rencontrer un journaliste puis attendre le rendez-vous, fixé au dernier moment dans les rues de Saint-Pétersbourg… Ensuite, il faut souffrir l’humeur d’Oleg, plutôt caustique : "Vous avez une rubrique spécial voyou dans votre journal ?" Ou virulent quand il balance à tout-va, contre les journalistes bien sûr, les artistes, l’Occident et le consommateur moyen, trop flasque à son goût. Pouvait-on s’attendre à autre chose ?
Après l’interview, il rectifie : "Je n’étais pas dans mon état normal, deux jours sans dormir et pas de répit." Il est vrai qu’en ce moment, sa vie paraît tumultueuse, rythmée par les actions, les manifestations, la prison, la libération sous caution et les sollicitations des médias… Pourtant Voïna, c’est aussi ça : un groupe radical, sans concessions, toujours sur le fil, toujours à la limite.
En guerre contre "les loups-garous en uniforme"
Dans le centre-ville, à la tombée de la nuit, le noyau dur est là : Oleg Vorotnikov, sa copine Natalia Sokol, leur fils Casper, presque 2 ans, et Leonid Nikolaïev. Même s’ils refusent le terme, ce sont eux les leaders de Voïna, un collectif qui réunit deux cents personnes et compte déjà quelques imitateurs. "Nos activistes sont partout en Russie, mais aussi dans le monde. Nous avons même deux Parisiens." Depuis presque deux ans, le mouvement multiplie les attaques contre les autorités et la consommation.
"Nous sommes entrés en guerre contre les loups-garous en uniforme, l’obscurantisme politique et social et pour la liberté de l’art contemporain."


Derrière des idées plutôt abstraites, des actions très concrètes, parfois décalées quand ils simulent des pendaisons d’immigrés, d’un Juif et d’un homosexuel dans un supermarché ou lancent des chats affamés dans un McDonald’s. Parfois trash, quand une militante s’enfonce un poulet dans le vagin pour le voler ou quand ils organisent une partouze dans la salle nutrition et digestion du Musée national de biologie, deux jours avant l’élection de Medvedev.
"Nous avons voulu brosser le portrait de la Russie préélectorale, un pays où tout le monde baise tout le monde, ce que le petit président regarde avec satisfaction."
Leur prouesse la plus célèbre reste le pénis d’une soixantaine de mètres dessiné de nuit face au FSB (les services secrets russes) à Saint-Pétersbourg. L’endroit choisi était stratégique : un pont-levis qui se dresse au petit matin. "Le pénis était plus haut que le bâtiment du FSB."


Natalia : "Généralement, c’est moi qui gère le déroulement de nos actions. Le truc, c’est de les planifier en plusieurs phases, et de faire en sorte que les différents parties ne soient pas interprétables séparément par les spectateurs. Ensuite, on répète le tout plusieurs fois. Chacun doit parfaitement mémoriser son rôle et celui des autres.
Pendant deux semaines, toutes les nuits, on a noté les heures de levée du pont, on a compté le nombre de gardes, on a étudié le comportement des gens et la manière dont les voitures s’arrêtent quand le pont est levé. Avec tout ça, on a fait des statistiques.Ensuite, ce qui est important, c’est de préparer une sortie digne." (Source Tracks/Arte TV - ndlr)


Ils ont gagné au point de remporter mi-avril un prix d’art contemporain réputé, organisé par le ministère de la Culture russe. Voïna s’empresse de tempérer cette reconnaissance officielle :
"Nous voulions juste faire de l’art de rue. On s’en fiche pas mal de cette récompense, même si nous sommes reconnaissants au jury d’estimer notre travail." Pas question de garder l’argent (10 000 euros) : "Il servira à aider les prisonniers politiques et financer des orphelinats en Russie."

De son côté, le jury explique : "Nous apprécions l’aspect novateur. Cet art de rue est inédit en Russie."
Destin plutôt inattendu pour "la bite prisonnière du FSB". Ce n’était pas le premier coup d’éclat de Voïna, dont toutes les interventions filmées ou photographiées provoquent le buzz sur Internet. Début mars, après avoir écouté un reportage sur la BBC, l’artiste londonien Banksy a décidé de payer la caution de Leonid et Oleg, retenus depuis plus de trois mois en prison préventive. Un mécène généreux et précieux.
"Son aide est arrivée au bon moment, elle a payé notre caution (estimée à environ 20 000 dollars – ndlr) et notre avocat. Nous lui disons un grand merci, avec des lettres aussi hautes que la bite du pont Liteïni."
Une partie de la population estime que le groupe a franchi les limites
Dans un pays comme la Russie, où la mobilisation politique est faible et réprimée, Voïna, avec ses méthodes chocs, risque des années de prison ferme. Oleg et Leonid attendent toujours leur procès suite à leur révolution de palais, où ils ont retourné une voiture de police, avec des fonctionnaires endormis à l’intérieur et, selon eux, soûls.

 

Pour une partie de la population, le groupe a franchi les limites.
Il manquait assurément le côté potache ou l’imagination d’autres happenings mieux accueillis. Mais pour eux, il ne s’agit que d’une action parmi d’autres.
"Cette voiture renversée à l’entrée du Musée russe, c’était une installation artistique pour demander une réforme au ministère de l’Intérieur", appuie Leonid.
Leonid représente le kamikaze, la tête brûlée de l’équipe. Il a récemment foncé sur une voiture d’Etat avec un seau bleu sur la tête pour contester l’utilisation dévoyée du gyrophare. La société russe s’est beaucoup mobilisée récemment contre ce halo lumineux, sorte de passe-droit réservé non seulement à la police mais aussi aux personnalités d’influence, hommes politiques ou hommes d’affaires…
"Mon action préférée, c’est lorsque j’ai enfilé un uniforme policier avec une soutane par-dessus. Je suis allé dans un supermarché, j’ai pris le repas le plus cher et je suis sorti sans payer. Dans ce pays, si tu es prêtre ou policier, c’est simple, tu peux faire n’importe quoi."


Avec ce type d’interventions, Voïna expose au grand jour ce que la plupart pense tout bas, des critiques dérangeantes qui, selon Oleg, expliquent leur emprisonnement. "On s’est retrouvé en prison parce que le gouvernement russe est devenu fou. Il est tombé dans la xénophobie et l’obscurantisme. Il a violé les droits de l’homme et les libertés afin de voler tranquillement les pétrodollars au peuple (…) Sommes-nous allés trop loin ? Les vrais extrémistes ce n’est pas nous mais eux. L’artiste a pour mission de s’opposer. S’en prendre à la police, c’est attaquer leur toute-puissance. Car ici, en Russie, la population a trop peur de l’autorité."
Actions radicales pour désacraliser un pouvoir lui-même radical, voilà la réponse de Voïna. "La plupart des gens ont une mauvaise image de nous, mais certains nous soutiennent car nous montrons qu’il est possible d’agir."
Et en termes d’actions, c’est vrai, Voïna frise l’hyperactivité. Depuis leur séjour en détention, les activistes dénoncent sans relâche la violence des arrestations et du milieu carcéral. Sur leur site, traduit en sept langues, on peut suivre presque en direct leurs confrontations avec la police.


"En prison, il n’y a ni règles, ni droit"
Leonid
"J’étais dans une cellule minuscule sans fenêtre et sans radio. En prison, ils appellent ça le « Gushnyak – le poulailler ». Tu es coupé du monde, sans la moindre information." (Source Tracks/Arte TV - ndlr)
Justement, leur avocat – dont la carte de visite est "noire comme un drapeau pirate" – arrive avant la fin de la rencontre. Il vient préparer l’audience de Leonid. Arrêté à la manifestation du 31 mars, celui-ci s’est échappé du fourgon.
Symbolique, cette mobilisation a lieu tous les 31 du mois. Elle fait référence à l’article 31 de la Constitution russe qui accorde la liberté de réunion dans les lieux publics et n’est pas respectée. Elle rassemble souvent une grande partie de l’opposition, des plus modérés aux plus contestataires. Comme d’habitude, plusieurs participants, dont Oleg et Natalia, ont été arrêtés. Casper, leur fils, qu’ils avaient amené avec eux, a été placé pendant quarante-huit heures.
"Ils ont voulu nous l’enlever mais nous nous sommes enfuis du fourgon", raconte sa mère avant de détailler l’arrestation. "Après nous avoir frappés en pleine rue, la police antiterrorisme a entamé une procédure pénale. Ils prétendent que nous les avons agressés. Mais comment un enfant de 2 ans et une petite femme pourraient-ils s’en prendre à sept mastodontes ?, poursuit cette jeune femme plutôt frêle. Voilà pourquoi nous avons besoin du soutien des médias étrangers. Nous ne cherchons pas à obtenir la popularité mais à contredire la version officielle. Car en prison, il n’y a plus ni règles ni droits…"

"Quand ils sont nommés face à des artistes qui ont travaillé dur, c’est du sabotage"
Engagé sur des questions cruciales d’un côté, radicalement anarchiste de l’autre, le groupe Voïna fait-il de l’art, de la politique ou bien les deux ? La question fait débat et les avis sont mitigés. L’opinion russe les considère soit comme des héros soit comme des bandits, toujours comme des provocateurs. "Voïna, ils sont vraiment très, très forts. Ils dégagent une vraie colère et incarnent notre conscience prolétaire à tous", juge un trentenaire à Saint-Pétersbourg. D’autres sont plus critiques : "Ce sont des gens bizarres et leur contestation est étrange aussi : ces radicaux ne proposent rien."
Proche du milieu, une artiste contemporaine confie :
"J’aime bien leur discours anti-conso, contre la toutepuissance de la police et de l’Etat. Mais quand ils renversent des voitures et sont nommés à un concours d’art contemporain face à des artistes qui ont vraiment travaillé dur, c’est juste du sabotage."
Sabotage, le terme leur plairait sûrement… Reste qu’ils font la une et qu’ils s’en sortent grâce à leurs soutiens. Pour combien de temps encore ? La justice russe pourrait bientôt s’abattre sur eux. En attendant, les "voyous" de Voïna combattent avec la rage et la passion que la Russie sait si bien engendrer. Marine Dumeurger


Autre action radicale de Voïna (En France, on appelle aussi cela un délit grave, la police n'est pas exactement la même c'est sûr) : Pour célébrer le Nouvel An 2012, ses membres ont brûlé un fourgon de police du type de ceux utilisés pour interpeller les manifestants d’opposition lors des rassemblements, en hommage aux prisonniers politiques.


 
PUSSY RIOT : Les membres du groupe russe Pussy Riot, emprisonnées pour «hooliganisme», sont issues du groupe d’art protestataire Voïna («guerre», en russe), célèbre à Moscou et à Saint-Pétersbourg pour ses actions scandaleuses, subversives, voire obscènes, dit-on. Je me demande encore une fois ce que cela donnerait en France. Sommes-nous somnolents ?... Voici en images, photos et films quelques une de leurs interventions, performances, coups d'éclat, bref un survol des actions que ce groupe de jeunes femmes et mères pour certaines, ont accompli dans la Russie de Poutine où il devient manifeste qu'une partie de la population, de la jeunesse en a marre de ce système qualifié de corrompu et que la riposte semble à l'image de ce que l'État impose aux russes.

Pour dénoncer les liens entre l’Eglise orthodoxe et Poutine, les punks de Pussy Riot s'étaient invitées le 21 février 2012 dans la cathédrale Christ-Sauveur de Moscou, cagoules multicolores sur la tête:



Le 20 février 2012, Pussy Riot s'était déjà retrouvé sur la place Rouge pour allumer des fumigènes aux sons du refrain «Révolte en Russie, Poutine se chie dessus»:
 

Les membres des Pussy Riots
Nadejda Tolokonnikova est étudiante de 5e année à la Faculté de philosophie de l’Université de Moscou, mariée à l’artiste Piotr Verzilov. La fille de Nadejda et Piotr, Gera, a quatre ans au moment de l’arrestation. Les deux conjoints sont d’ex-membres du groupe Voina. 
Maria Alekhina est étudiante de 4e année à l’Institut du journalisme et de la création littéraire, mère d’un fils de cinq ans, Philippe. Elle a participé aux actions de Greenpeace pour la protection de la réserve naturelle d’Outrich. 
Ekaterina Samoutsevitch est une artiste, diplômée de l’Institut énergétique de Moscou et de l’École de la photographie et des nouveaux médias de Rodchenko de Moscou.

Les paroles de leur "Prière à Poutine" en anglais :

St. Maria, Virgin, Drive away Putin
Drive away! Drive away Putin!
(end chorus)
Black robe, golden epaulettes
All parishioners are crawling and bowing
The ghost of freedom is in heaven
Gay pride sent to Siberia in chains

The head of the KGB is their chief saint
Leads protesters to prison under escort
In order not to offend the Holy
Women have to give birth and to love

Holy shit, shit, Lord's shit!
Holy shit, shit, Lord's shit!
(Chorus)
St. Maria, Virgin, become a feminist
Become a feminist, Become a feminist
(end chorus)
Church praises the rotten dictators
The cross-bearer procession of black limousines
In school you are going to meet with a teacher-preacher
Go to class - bring him money!
Patriarch Gundyaev believes in Putin
Bitch, you better believed in God
Belt of the Virgin is no substitute for mass-meetings
In protest of our Ever-Virgin Mary!(Chorus)
St. Maria, Virgin, Drive away Putin
Drive away! Drive away Putin!
(end chorus)

Release date: Jul 28, 2012


LIENS

Pussy Riot :
http://freepussyriot.org/fr/news-fr
http://russie.fr/pussy-riot
http://russie.fr/pussy-riot-le-rock-russe-dans-tout-ses-etats
http://pussy-riot.livejournal.com/5497.htmlhttps://twitter.com/pussy_riot
http://pelenop.fr/toutespussyriot/

Voïna :
http://fr.free-voina.org/
http://en.free-voina.org/
https://twitter.com/free_voina_fr
https://lespritdavignon.wordpress.com/2011/05/04/voina-les-partouzeurs-de-lart-russe-au-combat/
http://www.artinfo.com/news/story/36576/russias-political-artists-deserve-support/ http://www.opendemocracy.net/od-russia/danila-rozanov/voina-artists-at-war







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