27 oct. 2010

QUAI DES ORFÈVRES (1947)

Voici le genre de films que je revois toujours avec délectation et que je redécouvre à chaque fois. Et si l'univers d'Henri-Georges Clouzot traverse aussi allègrement les époques, c'est grâce à l'importance accordée aux personnages dont les sentiments, les émotions, les qualités, les défauts sont dépeints avec une grande humanité au travers d'histoires & d'intrigues finement ciselées. L'amateur de suspense et de scénario criminel alambiqué peut se délecter des Diaboliques, le féru de road-movies sous haute tension se régaler du Salaire de la peur, le collectionneur des biographies de serial killers être surpris par L'assassin habite au 21... Un film comme le Corbeau demeure un objet quasi inclassable qui a longtemps divisé non seulement les critiques mais aussi tous ceux qui l'avaient vu en ces années troubles de la seconde guerre mondiale et valut à Clouzot une période de purgatoire dont il sortit en 1947 avec Quai des orfèvres et grâce au soutien d'amis irréprochables comme Henri Jeanson.
Le synopsis : "Dans le Paris de l'après-guerre, la jeune chanteuse Jenny Lamour fait parfois usage de ses charmes, notamment auprès d'un vieillard libidineux influent, un certain Brignon, pour se faire une place dans le milieu du music-hall. Son mari, un brave type, Maurice Martineau, par jalousie, profère des menaces de mort envers le septuagénaire, qui est retrouvé assassiné peu après. L'inspecteur Antoine, un flic désabusé et humain du Quai des Orfèvres, est chargé de l'enquête." (Wiki source). L'intrigue policière tient bon la rampe à coups d'entrelacements dans les destinées des divers protagonistes... Martineau (Bernard Blier!) est touchant, tout empêtré qu'il est dans sa jalousie maladive et mal venue dans ce microcosme effervescent du showbiz... Il faut cependant admettre que sa femme, la pétillante Suzy Delair, est craquante quand elle chante "avec son tralala, son petit tralala..." Un troisième personnage incontournable est la photographe Dora (fascinante Simone Renant !), l'amie du couple, la confidente, qui promène sa part d'ombre entre deux volutes de cigarette et quelques clichés de femmes dénudées & aguicheuses...



On suit tout ce petit monde dans les coulisses des cabarets, sur les planches, dans leur fenêtre-sur-cour, les bas nylon vibrent avec les cordes du piano, on se promène dans les dédales qui mènent à l'entrée des artistes, on suit les ambitions, les désirs, les peurs de chacun(e). Peu à peu la toile est tissée et tendue vers le drame, et c'est Louis Jouvet (le flic) qui entre en scène. Les dialogues de Clouzot, déjà irréprochables jusque là, prennent leur envol dans la voix syncopée de Jouvet qui crève littéralement l'écran à chaque apparition... Il en impose autant qu'il nous touche le "sergent-chef" de Sidi-Bel-Abbès ! Crime passionnel ou crime crapuleux, on devine que plus il côtoie ces artistes de music hall et plus il préférerait serrer des artistes du vilebrequin... L'inspecteur Antoine est un vieux briscard qui ne monte pas vraiment en grade au sein des hiérarchies militaires ou policières, il a une trop grande gueule et sa grandeur d'âme, sa chaleur humaine, il les garde surtout pour son fils rentré avec lui des rives de l'oued Mekerra.

Fiche technique :
Année de réalisation : 1947
Production : Majestic Films
Réalisation : Henri-Georges Clouzot
Scénario, adaptation : Henri-Georges Clouzot et Jean Ferry
Dialogues : Henri-Georges Clouzot
Auteur adapté : Stanislas-André Steeman d'après son roman Légitime défense
Chef opérateur : Armand Thirard.
Son : William-Robert Sivel
Décors : Max Douy.
Musique : Francis Lopez, Albert Lasry.
Montage : Charles Bretoneiche.
Directeur de production : Louis Wipf
Titre original : Joyeux Noêl
Titre anglais : Jenny Lamour
Récompense : Prix international de la Mise en Scène à la Biennale de Venise (1947)




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