Allez zou, un petit retour sur celui qui rendu accessibles et audibles les paroles du Burnin' and lootin' version francophone et de fait a prouvé qu'à l'instar du rock, on pouvait faire du reggae pour les peuples francophones du fin fond de l'Afrique jusque dans les chaumières du Cantal. Car il faut bien l'admettre, les paroles de Bob Marley & autres Burning Spear, même si parfois elles figuraient sur les pochettes, au mieux on traduisait un peu à l'arrache (je vous parle d'un temps où le mot geek n'existait pas encore), au pire on s'en tenait aux refrains et à leur puissance évocatrice. Alpha Blondy avec ses mélodies qui trouvent presque instantanément le chemin des tripes, avec ses textes qui reflétaient et reflètent encore une réalité tangible où les individus sont confrontés aux guerres, aux mauvais traitements, aux famines ou encore broyés par une société consumériste qui ne les rassasie jamais et empêche l'envol de la pensée vers des territoires où la transcendance est le meilleur chemin vers l'accomplissement de soi, cet Alpha Blondy là répand son magnétisme environné de good vibes et nous questionne.
Une biographie non exhaustive mais qui revient sur les débuts d'Alpha Blondy
Figure emblématique et star incontestée du reggae africain, Alpha Blondy est celui qui a ouvert la voie à de nombreux artistes dont Tiken Jah Fakoly. Bien plus qu’un simple artiste, le rastaphoulosophe (c’est ainsi qu’il se définit) se fait remarquer par sa musique mais aussi par son esprit contestataire et sa spiritualité.
Né Seydou Koné le 1er janvier 1953 à Dimbrokro en Côte d’Ivoire, Alpha Blondy est élevé par sa grand-mère Chérie Coco, qui lui donne une éducation musulmane. Il poursuit des études d’anglais à New-York : c’est dans cette ville qu’il fait connaissance avec le reggae lors du concert de Burning Spear en 1977. Il commence à chanter et rencontre même Clive Hunt (producteur jamaïcain avec lequel il travaillera par la suite) mais ce dernier ne semble pas intéressé pour le moment. Déçu et déprimé, Seydou Koné rentre à Abidjan. Il vit une période sombre puisqu’il passera deux ans de sa vie enfermé dans un hôpital psychiatrique. Après avoir rencontré Fulgence Kassy (producteur de télévision), Alpha fait sa première télévision dans l’émission « Première chance ». La carrière de la futur star du reggae commence avec la sortie africaine en 1982 de "Jah Glory" (sortie française en 1983 sous le nom de "Rasta Poue"). Il se fera remarquer avec le titre Brigadier sabari qui relate une expérience personnelle où l’enfant terrible du reggae a été témoin d’une « opération coup de poing » de la police ivoirienne.
En hébreu devant un public arabe
« La star pour moi, c’est Dieu » a déclaré Blondy. Son troisième album "Apartheid is nazism" (1985) révèle un nouveau côté de la personnalité du rastaphoulosophe, mettant en valeur son penchant pour la religion, avec les morceaux Seba Allah Y’e et Come back Jesus. Après avoir mis en lumière la Bible et le Coran, Alpha s’intéresse à la Tora avec "Jérusalem", nouvel opus sorti fin 86 et enregistré une fois encore avec les Wailers au célèbre studio Tuff Gong. D'autres albums font une large place à l’évocation de Dieu : The prophet (Allah léka netchi) ("The prophets") ; God is one ("Masada") ; Veto de Dieu ("SOS guerres tribales") ou encore Dieu (sur l’album du même nom). Derrière cette spiritualité démesurée, se cache un immense désir de vouloir fédérer, de rassembler les hommes et ce, au-delà des religions. On se souvient tout particulièrement son concert au Maroc en juillet 86 où il chanta Jérusalem en hébreu devant un public arabe.
A cette époque, sa tournée européenne est annulée car NRJ, la radio qui le sponsorise, lui reproche son manque de professionnalisme : il n'était pas rare qu'Alpha commence ses concerts avec plus de deux heures de retard. Alors qu’en Europe il connaît de nombreuses annulations (entre autres le Zénith de Paris en 1988), sa carrière se porte plutôt bien aux Etats-Unis où sa tournée est un véritable succès. La sortie de "Masada", qui devient rapidement disque d’or, renvoie le rastaphoulosophe sur la scène pour une série de trois concerts à l’Elysée-Montmartre. En octobre 92, il conclue une longue tournée européenne au Zénith de Paris. Cette tournée le fatigue : début 93, Alpha Blondy fait une tentative de suicide. Après cet épisode malheureux, il revient avec l’album "Dieu", où il signe un reggae rock et des thèmes polémiques tels que Abortion is a crime. A remarquer le titre (peut-être révélateur d’un mal-être) Heal me ("Guéris moi"). D’autres ennuis de santé le conduiront à effectuer des séjours en hôpital psychiatrique.
Ali Baba et les 40 voleurs
Alpha Blondy remonte sur scène en décembre 94 pour célébrer le 1er anniversaire de la mort de Félix Houphouët Boigny, premier président de la nouvelle République de Côte d’Ivoire de 1958 à 1993. Plusieurs titres démontrent le soutien d'Alpha au dirigeant : Jah Houphouët ("Apartheid is nazism"), ou encore Jah Houphouët Boigny nous parle ("Revolution"), un morceau de dix minutes qui est un discours de Houphouët Boigny sur fond de reggae. De plus en plus animé et engagé contre l’injustice, l’artiste commercialise "Yitzhak Rabin" sur le marché ivoirien (Yitzhak Rabin fut Premier ministre en Israël, Assassiné le 4 novembre 95). Des titres comme Armée française ou guerre civile ne manqueront pas de déranger la classe politique ivoirienne.
Enregistré à Paris et à Abidjan, "Elohim" (qui veut dire « Dieu » ou « Je suis la multitude » en hébreu) traduit la colère du chanteur face aux abus politiques. On note la présence du producteur jamaïcain Clive Hunt ainsi que celle de maestro Maïga qui insuffle les sonorités africaines. Un album toujours aussi militant avec des titres comme Dictature, La queue du diable, le fameux Journalistes en danger (démocrature), ou encore Les voleurs de la République où l’on peut entendre : « Ali Baba et les quarante voleurs sont de retour / Les lèche-bottes ont baissé leur pantalon / Et ils s’érigent en donneurs de leçons / Le complot du silence persévère / La langue de bois exaspère/ Ce triste constat me désespère (…) / SOS, les voleurs de la République / SOS ils volent nos deniers publics ».
La sortie de l'album coïncide avec une grave crise politique en Côte d’Ivoire. Les prises de position d'Alpha Blondy font de lui un personnage public incontournable quand il s’agit d’évoquer la situation du pays. L’artiste, qui ne met pas de gants pour dire ce qu’il pense, va céder tous les droits de la
chanson Journalistes en danger (démocrature) en faveur de Reporter Sans Frontières. RSF avait contacté Alpha Blondy concernant l’affaire Norbert Zongo (journaliste burkinabé) dont le corps fut retrouvé calciné dans son véhicule le 13 décembre 98. Blondy a alors ajouté à ce morceau : « Au clair de la lune / Mon ami Zongo/ Refusa de bâillonner sa plume/ Au Burkina Faso/ Et Zongo est mort brûlé par le feu/ Que justice soit faite pour l’amour de Dieu ».
Né Seydou Koné le 1er janvier 1953 à Dimbrokro en Côte d’Ivoire, Alpha Blondy est élevé par sa grand-mère Chérie Coco, qui lui donne une éducation musulmane. Il poursuit des études d’anglais à New-York : c’est dans cette ville qu’il fait connaissance avec le reggae lors du concert de Burning Spear en 1977. Il commence à chanter et rencontre même Clive Hunt (producteur jamaïcain avec lequel il travaillera par la suite) mais ce dernier ne semble pas intéressé pour le moment. Déçu et déprimé, Seydou Koné rentre à Abidjan. Il vit une période sombre puisqu’il passera deux ans de sa vie enfermé dans un hôpital psychiatrique. Après avoir rencontré Fulgence Kassy (producteur de télévision), Alpha fait sa première télévision dans l’émission « Première chance ». La carrière de la futur star du reggae commence avec la sortie africaine en 1982 de "Jah Glory" (sortie française en 1983 sous le nom de "Rasta Poue"). Il se fera remarquer avec le titre Brigadier sabari qui relate une expérience personnelle où l’enfant terrible du reggae a été témoin d’une « opération coup de poing » de la police ivoirienne.
En hébreu devant un public arabe
« La star pour moi, c’est Dieu » a déclaré Blondy. Son troisième album "Apartheid is nazism" (1985) révèle un nouveau côté de la personnalité du rastaphoulosophe, mettant en valeur son penchant pour la religion, avec les morceaux Seba Allah Y’e et Come back Jesus. Après avoir mis en lumière la Bible et le Coran, Alpha s’intéresse à la Tora avec "Jérusalem", nouvel opus sorti fin 86 et enregistré une fois encore avec les Wailers au célèbre studio Tuff Gong. D'autres albums font une large place à l’évocation de Dieu : The prophet (Allah léka netchi) ("The prophets") ; God is one ("Masada") ; Veto de Dieu ("SOS guerres tribales") ou encore Dieu (sur l’album du même nom). Derrière cette spiritualité démesurée, se cache un immense désir de vouloir fédérer, de rassembler les hommes et ce, au-delà des religions. On se souvient tout particulièrement son concert au Maroc en juillet 86 où il chanta Jérusalem en hébreu devant un public arabe.
A cette époque, sa tournée européenne est annulée car NRJ, la radio qui le sponsorise, lui reproche son manque de professionnalisme : il n'était pas rare qu'Alpha commence ses concerts avec plus de deux heures de retard. Alors qu’en Europe il connaît de nombreuses annulations (entre autres le Zénith de Paris en 1988), sa carrière se porte plutôt bien aux Etats-Unis où sa tournée est un véritable succès. La sortie de "Masada", qui devient rapidement disque d’or, renvoie le rastaphoulosophe sur la scène pour une série de trois concerts à l’Elysée-Montmartre. En octobre 92, il conclue une longue tournée européenne au Zénith de Paris. Cette tournée le fatigue : début 93, Alpha Blondy fait une tentative de suicide. Après cet épisode malheureux, il revient avec l’album "Dieu", où il signe un reggae rock et des thèmes polémiques tels que Abortion is a crime. A remarquer le titre (peut-être révélateur d’un mal-être) Heal me ("Guéris moi"). D’autres ennuis de santé le conduiront à effectuer des séjours en hôpital psychiatrique.
Ali Baba et les 40 voleurs
Alpha Blondy remonte sur scène en décembre 94 pour célébrer le 1er anniversaire de la mort de Félix Houphouët Boigny, premier président de la nouvelle République de Côte d’Ivoire de 1958 à 1993. Plusieurs titres démontrent le soutien d'Alpha au dirigeant : Jah Houphouët ("Apartheid is nazism"), ou encore Jah Houphouët Boigny nous parle ("Revolution"), un morceau de dix minutes qui est un discours de Houphouët Boigny sur fond de reggae. De plus en plus animé et engagé contre l’injustice, l’artiste commercialise "Yitzhak Rabin" sur le marché ivoirien (Yitzhak Rabin fut Premier ministre en Israël, Assassiné le 4 novembre 95). Des titres comme Armée française ou guerre civile ne manqueront pas de déranger la classe politique ivoirienne.
Enregistré à Paris et à Abidjan, "Elohim" (qui veut dire « Dieu » ou « Je suis la multitude » en hébreu) traduit la colère du chanteur face aux abus politiques. On note la présence du producteur jamaïcain Clive Hunt ainsi que celle de maestro Maïga qui insuffle les sonorités africaines. Un album toujours aussi militant avec des titres comme Dictature, La queue du diable, le fameux Journalistes en danger (démocrature), ou encore Les voleurs de la République où l’on peut entendre : « Ali Baba et les quarante voleurs sont de retour / Les lèche-bottes ont baissé leur pantalon / Et ils s’érigent en donneurs de leçons / Le complot du silence persévère / La langue de bois exaspère/ Ce triste constat me désespère (…) / SOS, les voleurs de la République / SOS ils volent nos deniers publics ».
La sortie de l'album coïncide avec une grave crise politique en Côte d’Ivoire. Les prises de position d'Alpha Blondy font de lui un personnage public incontournable quand il s’agit d’évoquer la situation du pays. L’artiste, qui ne met pas de gants pour dire ce qu’il pense, va céder tous les droits de la
chanson Journalistes en danger (démocrature) en faveur de Reporter Sans Frontières. RSF avait contacté Alpha Blondy concernant l’affaire Norbert Zongo (journaliste burkinabé) dont le corps fut retrouvé calciné dans son véhicule le 13 décembre 98. Blondy a alors ajouté à ce morceau : « Au clair de la lune / Mon ami Zongo/ Refusa de bâillonner sa plume/ Au Burkina Faso/ Et Zongo est mort brûlé par le feu/ Que justice soit faite pour l’amour de Dieu ».
En 2002, Alpha sort son 16e album "Merci". Des morceaux toujours aussi engagés comme Who are you ? qui dénonce le fléau des mines anti-personnelles, ou encore Politrux et Le feu. Fidèle à son esprit rebelle et contestataire, Alpha Blondy était l’un des seuls africain à participer au concert mondial Live 8, le 2 juillet 2005. A cette occasion, il en a profité pour demander aux chefs d’Etat africains de s’engager clairement à ne plus accepter de coups d’Etat militaire en Afrique lors du sommet organisé le 4 et 5 juillet en Libye. Sa récente nomination en tant que Messager de la paix pour l'ONU le conforte dans sa position de critique des politiciens. L’enfant terrible du reggae africain n’est pas prêt d’avoir dit son dernier mot.
Auteur : Sonia El Amri - Source
Voir aussi...
pas de mal à (se) faire du bien !
RépondreSupprimeravec les premiers coquelicots :
http://78.agendaculturel.fr/concert/acheres/autres/alpha-blondy-en-concert-gratuit-le-18-mai-a-acheres.html