"On n'est pas bien, là ? Hein ? Tu les sens les coussins d'huile sous ton cul ?... Hydropneumatique mon p'tit bonhomme!.." C'est Jean Claude (Gérard Depardieu) qui cause à son pote Pierrot (Patrick Dewaere). Ils sont à bord d'une DS Citroën qu'ils viennent "d'emprunter" pour une embardée dominicale, histoire de s'arracher à la torpeur du quotidien en banlieue parisienne au milieu des années70. Les deux compères vivent au jour le jour voire même dans l'instant.
_Te fais pas d'soucis, vieux... Dans la vie, tout s'arrange. Y'a jamais d'vraies raisons d'se biler. On peut pas nous faire un trou au cul, on en a d'jà un! (...) On n'est pas bien ? Paisibles. A la fraîche. Décontractés du gland... Et on bandera quand on aura envie de bander.
Un autre réalisateur que Bertrand Blier nous aurait entrainé dans une aventure au destin tragique ou bien sur le chemin de la repentance pour nos deux loubards mais non. Ce film est jubilatoire de bout en bout. D'abord parce que le tandem Depardieu-Dewaere est en soi un régal et quand Marie-Ange (Miou-Miou) se joint à eux, le trio devient un hymne à la vie, une échappée belle aux allures joyeusement libertaires et libertines!
L'air de pas y toucher, le film explore avec entrain les sentiers sinueux de la sexualité masculine ET féminine. Les dialogues donnent aux scènes les plus intenses, comme celle de la sortie de prison de Jeanne (sublime Jeanne Moreau), de la légèreté et de l'éclat. La dérision s'esquive au profit d'une humanité charnelle et chaleureuse, pleine de prévenance et même de pudeur... Et quand Jeanne raconte à une serveuse ce que la prison lui a fait, c'est encore un souffle de vie qui passe... La musique de Stéphane Grapelli ponctue à merveille tous les épisodes du récit. Les notes tombent en gouttelettes comme on se détache de nos pesanteurs.
On ne jouit pas facilement dans ce film, on essaie, on cherche, on tente... Le machisme de J.Claude & Pierrot n'est qu'une légère carapace qui cède vite devant la complexité du désir des femmes. Ils font les forts en gueule et joue du poing et de la savate avec le bourgeois encristé dans l'ordre établi et son confort de pacotille mais l'armure se fend devant l'aplomb quand il se conjugue au féminin. Le personnage de Miou-Miou va sévèrement les "ébranler" dans leur virilité qui s'en trouve quelque peu égratignée!
Miou-Miou, Dewaere & Depardieu : Pas simple!
Miou-Miou, Dewaere & Depardieu : Pas juste !
"Les valseuses" est un film à découvrir (pour les petits veinards) et à revoir pour se faire du bien là où on patauge encore 37 ans après !
Nouveaux Liens / M.A.J 29.01.2012
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