La vie sexuelle de Catherine M., le livre de Catherine Millet est sorti en 2001. La même année, les tours de Manhattan, plus communément appelées "World Trade Center", s'écroulaient dans les flammes et un épais nuage gris se répandait dans les rues de New York laissant derrière lui des milliers de morts et un pays traumatisé. L'album de Noir Désir, Des Visages Des Figures avec son titre étonnamment prémonitoire Le Grand Incendie débarquait dans les bacs pour le plus grand plaisir des fans de ce groupe inoubliable... Une putain d'année en vérité, riche d'enseignements et laissant déjà entrevoir ce que serait la décennie à venir en ce début de troisième millénaire. Le livre de Catherine Millet, quant à lui, avait quelque peu chamboulé et partagé les critiques, les lecteurs, les chroniqueurs et se rappelait au bon souvenir des culs-bénis qui croyaient en avoir fini avec les folles années de "la libération sexuelle"... L'ouvrage découpé en quatre parties qui ne cessent de s'entremêler, "le nombre", "l'espace", "l'espace replié" et "détails" est d'une implacable crudité sans jamais tomber dans la vulgarité. Au contraire, la narration quasi clinique des frasques et des turpitudes auxquelles s'adonne l'héroïne, qui n'est autre que l'auteur elle-même, déroute et surprend par son apparente froideur tout en ouvrant le champs immense de tous les possibles, aux confins de la quête du désir, entre fantasme et réalité...
"Catherine Millet fait rarement dans la dentelle quand elle parle de sexe, encore moins quand elle évoque le sien et ceux qu'elle a connus. En piochant dans ses souvenirs obscènes, elle se délecte de baises éphémères et sans implication, suce goulument les mots, dévore les images des milliers de corps qu'elle a sentis en elle, arrose ses phrases de giclées de foutre inconnu, fait jaillir des queues étrangères, son con sans cesse dilaté et son trou aventurier, avec une liberté déconcertante. Elle nous fait glisser sans pour autant recourir à la vulgarité dans la jouissance de sa sexualité délictieuse dont elle ne tire que la gratuité du plaisir." Quand elle évoque le moment, l'instant furtif qui précède la baise entre deux individus dont l'un(e) sait déjà ce qui va se passer tandis que l'autre oscille entre le doute et l'hébétude, qu'elle écrit en tirer presque encore plus de plaisir que dans l'acte lui-même parce qu'à cet instant précis toute l'immensité de sa destinée semble tenir dans sa seule main, sa propre volonté, on devine la profonde sensation de liberté qu'elle peut éprouver nous dévoilant aussi une inclinaison à la prédation inhérente à sa personnalité autant prête à se laisser consommer, consumer, dévorer, défoncer qu'à être à l'initiative de ces ébats tumultueux...
Le livre de Catherine Millet n'a que le pouvoir des mots et l'impuissance de ceux-ci, précisément, pour dire tous les méandres et la profondeur abyssale de ce vers quoi tendent notre désir, nos envies, notre (é)moi instinctif et jusqu'où l'on s'abandonne lorsqu'on est pris dans les mailles pulsionnelles et émotionnelles des déambulations charnelles qui s'épanouissent parfois entre rêve et réalité, entre fantasme et vécu... La théâtralité des orgies, des rapports multiples, les rites et les codes qui les accompagnent nous renvoient à notre propre "mécanique" et ne cessent de prolonger la réflexion à laquelle nous n'échappons pas pour peu que nous n'ayons pas fait le choix d'occulter ce qui est aussi notre part d'ombre et de lumière.
La vie sexuelle de Catherine M. - Catherine Millet [192K]
Auteur : Catherine MILLET
Interprété par Marie-Christine Letort - 370 mn
Auteur : Catherine MILLET
Interprété par Marie-Christine Letort - 370 mn
(6 fichiers pointant vers 6 players, des bulles d'aide vous guident dans l'ordre de lecture)
Autres sources
Ces sujets peuvent aussi vous intéresser
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire