Censurer l'anatomie féminine en la dissimulant par des modes vestimentaires imposées au sortir de l'enfance, les trois grandes religions monothéistes s'en sont chargées pendant des siècles et c'est toujours le cas dans de nombreux pays. En France, l’ordonnance du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800), de la Préfecture de Paris n'a jamais été abrogée et interdit aux femmes le "port des habits de l’autre sexe". En Chine, combien de générations de femmes ont eu les pieds mutilés à cause du bandage imposé depuis l'enfance. Des vieilles femmes ont témoigné qu'au temps de leur adolescence, elles se plongeaient les pieds dans l'eau bouillante pour que la douleur de la brûlure allège celle de leurs os déformés. La liste des humiliations faites aux femmes pourrait encore être longue parce qu'elle est intimement liée à la volonté des hommes d'en faire soit des des êtres soumis, soit de simples objets de désir... Par bêtise, par méchanceté ou bien plutôt par peur ? Hum... Le fait est que les femmes possèdent une petite perle dont les hommes ne peuvent même pas imaginer la préciosité... Mais qui les embarrasse diablement.
En juin 1998, une chercheuse du Royal Melbourne Hospital, le Docteur Helen O'Connell, fit une découverte quelque peu déconcertante en cette fin de XXe siècle. Dans un article publié par le Journal of Urology, elle affirme que les reproductions actuelles du clitoris sont inexactes.Le corps scientifique et médical semble s'être, pour diverses raisons, contenté de descriptions anatomiques superficielles, voire erronées, datant pour la plupart du début du siècle.
De son côté, l'auteur du documentaire, Michèle Dominici découvre ceci :
"Alors que je travaillais encore au Musée des Sciences à Londres, je tombais un jour sur un article du New Scientist. Le clitoris mesure près de 8 centimètres me disait-on.
J’avais alors 30 ans. Je me considérais comme une jeune femme informée et émancipée, sans tabou. Et voilà que je ne savais pas cette chose toute simple. Je me rendais compte que les seules connaissances que j’avais de cet organe étaient empiriques. Personne ne m’en avait jamais rien dit. Et puis surtout, jamais je ne m’étais posé la question. Une rapide enquête de proximité me confirma que je n’étais pas seule dans l’ignorance. Mes révélations sur la taille de l’organe étaient reçues par de la gêne, de l’étonnement, des sourires, des sarcasmes, du mépris, de la colère parfois, mais toujours avec une extrême curiosité.
C’est cette ignorance mêlée de curiosité, qui m’a donné envie de faire ce film, et aussi une certaine intuition que le clitoris était manifestement plus qu’un organe. Un symbole embarrassant du plaisir féminin.
Les débuts furent difficiles car il existait très peu d’information. Aucun spécialiste. Peu de publications. Pas l’ombre d’une réflexion ne datant pas des années 70. Et le sens aigu d’un grand nombre d’écueils possibles. La décision fut vite prise de commencer par le début. Qu’est-ce que cet organe ? De quoi est-il fait ? Que sait-on de lui à l’orée du XXIème siècle ? Très vite, j’allais faire une rencontre qui allait donner un sens à mon travail. Jo Adams, Directrice du « Sheffield Centre for HIV and Sexual Health », avait une approche radicale. Finie l’approche reproductiviste de l’éducation sexuelle. Elle voulait que, loin des dogmes souterrains qui pèsent encore sur la sexualité des adolescentes, elles se fassent d’abord une idée de leur propre plaisir, et puissent ensuite avoir les rapports sexuels qu’elles ont choisis. Et non, des rapports qui ressemblent à une maladroite et malheureuse copie de ce que la société leur renvoie. Je compris alors que parler du clitoris, c’était dire aux femmes « faîtes confiance à votre corps, avant de faire confiance aux théories des autres, qu’elles soient savantes, moralistes, libérées ou scientifiquement prouvées ». Ce film est là pour nous aider à mieux nous connaître et à mieux nous comprendre. (Source)
Quelques infos !
On croit que le clitoris n'a pas d'utilité dans le reproduction, c'est ainsi que la société judéo-chrétienne l'ignore. Dans la Grèce antique Hippocrate a commencé l'étude de l'anatomie et conseillait aux couples sans enfants de stimuler le clitoris. Par la suite, même si l'église ne voyait pas d'un bon œil tout ce qui n'était pas en rapport direct avec la procréation, les médecins continuaient de conseiller ce "câlin".
Cependant, en 1875, lorsque la science évolua et qu'on découvrit les mécanismes de la reproduction et le fonctionnement des organes génitaux, le clitoris fut oublié, banni, et en 1948 on ne le retrouvait même plus dans les livres d'anatomie.
Freud, lui, n'a pas remis en cause l'intérêt orgasmique du clitoris, mais disait que la maturité impliquait un transfert de l'orgasme du clitoris vers le vagin. Ainsi, il prétendait que toutes les femmes qui n'arrivaient pas à avoir d'orgasme vaginal étaient tout simplement immatures, et donc avait de gros problèmes psychologiques à résoudre ! Il semblerait que seulement 30% des femmes ont des orgasmes vaginaux !...
De nos jours, on sait que le clitoris est très proche du pénis, que c'est le tissu le plus sensible du corps humain, qu'il contient 4000 terminaisons nerveuses de chaque côté, et donc 8000 en son "bout", plus qu'un pénis qui en contient 4000 à 6000.
Des études tendent à montrer que sans clitoris il n'y a pas de plaisir et que même le plaisir vaginal vient du clitoris.
"La morale est souvent venue troubler l'objectivité des savants".
A la renaissance, "La nature a déposé une bête dans les parties intimes des femmes" (Rabelais).
A l'époque des chasses aux sorcières, un grand clitoris était pris pour la marque du diable, puis les démons ont été remplacés par les déviances ; au 19ème le lesbianisme et la nymphomanie sont considérés comme des maladies, la masturbation provoquerait jaunisse (et surdité!), cécité et mort prématurée. L'excitation sexuelle tendrait à détruire le mental des femmes, et le clitoris est désigné comme responsable par le président de la Britih Medical Society. Il préconise alors son ablation. Des milliers de femmes furent ainsi excisées.
Une étude récente, dont la mise en œuvre est montrée dans le documentaire démontre que toutes les femmes (sous réserve de problèmes physiologiques) peuvent avoir des orgasmes, de manière rapide et quasi automatique. Il montre aussi que de manière automatique l'afflux sanguin dans le vagin augmente avec un stimulus sexuel (un film érotique dans l'exemple), mais que les femmes ne s'en aperçoivent pas tout de suite, elles n'ont pas l'impression d'être excitées. Pourtant les stimuli ont la même action rapide (quelques secondes suffisent et ceci même si on n'aime pas les films Hot !).
L'une des intervenantes dans le film :
"On surestime le pouvoir des filles, qui est mince comme du papier, et en dessous on trouve toujours le même niveau d'impuissance et la même incapacité d'assumer leurs décisions et leurs besoins. Je pense que nous devrions insuffler le féminisme dans la vie des filles, ainsi que la notion de droit, le droit de faire des choix, de refuser de se comporter et d'être comme on l'attend d'elles. Un des droits des filles est de situer leur propre plaisir au centre de leur vie, avant leur responsabilité vis-à-vis des autres. (...) Elles ont besoin d'affirmer un peu plus leur droit au plaisir."
Autre réflexion...
"Vous savez ce qui sous-entend le plaisir chez les femmes ? Que l'homme vide la poubelle. Que l'homme s'intéresse aux enfants, que l'homme se rappelle la date d'anniversaire de la mère de la femme, ça crée une sorte de sensation spécifique à la femme, celle de se sentir aimée, d'être en sécurité, de sentir qu'il s'agit d'un homme qui s'intéresse vraiment à elle en tant que personne, cela tranquillise énormément une femme de se sentir en sécurité et d'être aimée de cette façon, et beaucoup de phénomènes physiques intéressants peuvent en découler. Ainsi l'idée que la sexualité est une chose qui se pratique au lit est une très grosse erreur, la sexualité c'est quelque chose qui nait de la relation entre deux personnes, une relation entre deux personnes ça se construit 24h par jour et 7 jours par semaine." (Source)
Alors les mecs ? On fait moins les malins, hein !
DL : ICI
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