Enola Vale (La Vallée De La Solitude en langue indienne) est le nom d'une prison pour ados délinquants dans le Montana. C'est là que 3 jeunes gens vont purger leur peine. David, un beau gosse très branché sexe, vivant chez sa mère et qui a dealé un peu trop de poudre & d'extas. Angel, jeune chicano à l'allure pouparde, serré pour braquage et vol de voiture. Et enfin Butch, un garçon déjà déchiré par l'existence, au regard fiévreux qui en dit long sur sa faille intérieure et dont la violence est excessive quand il pète un câble. Tous les trois sont issus de l'Amérique white trash (Le white trash, l'ordure blanche, c'est ainsi qu'on appelle aux Etats Unis les petits blancs défavorisés, les laissés pour compte du système américain, gavés de junk food et de programmes télé débiles...
Une autre image de l'Amérique, qui rassemble pourtant près de 50 % de sa population blanche. L'épicentre du white trash c'est Milwaukee, au nord de Chicago, la ville de Harley Davidson et de la bière Miller, les deux joyaux de la culture blanche américaine).
Tous les trois vont découvrir l'univers carcéral pour adolescents, tous les trois vont devoir composer avec la violence des autres détenus et les règles inadaptées, pour ne pas dire ineptes, d'un système qui ne leur apportera pas la possibilité de se réconcilier avec eux-même et encore moins avec le monde extérieur. Pas de manichéisme dans ce film, les matons ne sont pas des brutes, d'ailleurs celui dont dépendent nos trois lascars est également un peu paumé et souvent touchant malgré sa terrible erreur... Car tout le film se vit sur la lame d'un rasoir, un équilibre précaire où tout peut basculer d'un moment à l'autre. On se dit que ces "mômes" qui ont certes fait des conneries, ne méritent pas cet enfermement et cette promiscuité où c'est encore la brutalité et la cruauté qui font office de loi. Dur de rester zen, dur de ne pas sombrer dans le bestial et la férocité dans de telles circonstances. On s'attend au pire et on est loin du compte... C'est vers cet arsenal répressif pour mineur que se tournent actuellement bon nombre de responsables politiques en France (PS & UMP confondus, quelle ERREUR !).
Quelques mots à propos du réalisateur Kim Chapiron. Il est le fils du graphiste punk Christian Chapiron (Alias Kiki Picasso avec loulou picasso, Olivia Clavel alias electric clito, etc, au sein du groupe Bazooka) et l'acolyte de Romain Gavras dans le collectif Kourtrajmé. Kim Chapiron a été contacté par le producteur de Michel Gondry pour réaliser une adaptation de Scum du britannique Alan Clarke (par ailleurs auteur de Elephant adapté par Gus Van Sant), film carcéral culte des seventies, ultra réaliste dans une veine documentaire et plaidoyer magnifique contre l’enfermement des mineurs. Kim Chapiron a suivi avec un respect infini la trace d’Alan Clarke et a choisi de s’immerger près d’un an, au cœur de l’Amérique white trash, où cet enfermement de gosses à peine sortis de l’enfance est le plus flagrant. Il a pris le risque d’utiliser des vrais jeunes délinquants (le tournage fourmille d’anecdotes assez flippantes et on comprend que le jeune et incroyable Adam Butcher, au regard inoubliable, n’est pas si loin de son personnage) qui ont rendu le tournage assez sportif (voir la scène d'émeute à la cantine où tout le monde s'est vraiment pris au jeu...)
Certains critiques (toujours en manque d'inspiration) ont voulu rapprocher le film de celui de Jacques Audiard "Un prophète". Je n'ai pas vu ce dernier parce que ce n'est pas mon boulot qui paye mes places de cinéma et parce que je me méfie des engouements médiatiques. Aux dires de certains, Dog Pound ne fait pas de chichi et se reçoit en pleine gueule là où on est dans l'artifice avec "un prophète"... Jugez-en par vous même !
Dog Pound - Teaser
Plus de liens ICI
Voir également...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire