26 août 2011

SLAM (1997) : From Genesis To Revelation* !

Slam - Le Film
Deux mots : Sound Power !
Ray Joshua, mi-rappeur, mi-poète, vit à Dodge City, un des ghettos noirs et cité à haut risque. Il a su rester en marge de la criminalité, malgré les gangs et la misère. Un soir où il discute avec son dealer et ami, celui-ci est abattu. Et, pas assez rapide, Ray est arrêté. Il se retrouve plongé dans l'impitoyable univers carcéral de l'État de Washington.
Sa passion c'est le slam, ces rimes poétiques improvisées et scandées nées dans les communautés noires américaines. Et c'est ce talent qui le sauve au moment d'être passé à tabac dans la cour de la prison. Lauren Bell, une jeune femme qui donne des cours d'écriture aux détenus, assiste à l'incident et à la prestation de Ray et le convie à participer à son atelier. Une histoire d'amour commence...

L'argument du film tient en une page de script, c'est sur le terrain qu'agit Slam : en frottant le rap et la poésie, la scène hip-hop et la mouvance jungle, la rumination d'un enfer quotidien et les appels d'air d'une "parole en action". En marge des films rap ordinaires et des innombrables chroniques de ghetto, Slam est un film sur l'énergie libératrice et libertaire de la parole.
Mis en musique par DJ Spooky, mélangeant bruit et beat jungle pour accompagner au plus près la pulsation du film, Slam révèle un cinéaste inspiré qui sait rester à bonne distance.
Réalisateur : Marc Levin
Avec :
Ray Joshua - Saul Williams
Lauren Bell - Sonja Sohn
Hopha - Bonz Malone
Big Mike - Lawrence Wilson
Jimmy Huang - Beau Sia
China - Andre Taylor
Bay (Jail Rapper) - Momolu Stewart
* Police & Thieves (In The Streets...) - Junior Murvin



Slam - Définition personelle
L'écriture comme un uppercut direct à la mâchoire du système - un cri du dedans qui trouve sa libre expression dans un flot (flow) de paroles arrachées aux tripes - extirpées et formulées cash en mode face-à-face - tu crées le consensus où tu quittes la place car dans les mots et les rimes trash il n'y a pas de place pour le verbiage - le discours pré-macth-é des TV, des ondes courtes et idées à courte-vue et vues basses - ici on clash, on s'envenime et on recrache en flash les phrases, phase ascendante - face vers le haut, vers en face, envers toutes celles et ceux qui ont la gorge ouverte sur un monde qui lasse et qui grimace - qu'on laisse, on casse la laisse, des chaines qui étouffent les intuitions qui nous dévorent d'un avenir meilleur, d'un futur à conquérir, des mots à transcender , des traces scratchées dans l'air du temps et pour un zef d'épanouissement - le verbe haut, la trogne en fronde, la tronche en poupe de nos désirs, de nos besoins réels au quotidien, ni plus ni moins - fondamentales sont nos pensées et nos envies, indestructible la volonté d'en terminer avec le tiroir-caisse, mode de pensée unique, bas du plafond en inflation, auto-reverse dans les versets - le sentiment enfin d'appartenir à un monde qui est aussi le tien, le sien, le mien, d'hier à aujourd'hui et  jusqu'à demain, d'en prendre soin, sans fin, jusqu'à la fin, on s'y essaie, on s'y échoue, qu'est-ce que ça fout, on tente le coup et puis c'est tout...



Slam - Historique
Les origines de la poésie slam remontent au milieu des années 80 quand, Marc Smith, jeune écrivain informel de Chicago, eut l’idée d’organiser une compétition de poésie dans le bar Green Mill. Smith voulait que le public devienne juge en prenant part à la dialectique poète-public. Il voulait faire descendre la poésie de sa tour d'ivoire pour acquérir un statut semi-populaire et envisageait le poète comme le serviteur du peuple. Aussi, le style slam devait se construire à partir de contributions d'origine démocratique, issues de la communauté et du public. Marc Smith inventa alors le "slamming": la poésie contre les conventions, dans les bars au lieu des salons ou des clubs. Ce nouveau mouvement fut baptisé ironiquement "le slam-poésie des beaux quartiers (the uptown poetry slam).

Jusqu’en 1996, le mouvement est resté relativement peu connu en dehors du milieu underground. Quelques disques (GrandSlam ! en 1994) et rapports journalistiques ( about : comtemporary poetry) donnèrent au Slam une place de renégat dans la poésie contemporaine américaine. Il restait une forme d’expression minoritaire, notamment auprès des jeunes, dans les formes d’expression contemporaines. Elle fut révélée grâce à l’intérêt des journalistes Tony Award et Paul Devin qui collaborèrent avec le slameur Saul Williams. Grand champion du Nuyorican Poetry Café de Brooklyn et vainqueur de la compétition nationale de Portland en 1996, il fut mis en vedette par Tony Award dans le documentaire "Underground Voices" qui relate le championnat. Il contribua aussi à l’écriture de "Slam Nation "où Paul Devin analyse la montée en popularité du Slam. Par la suite, en 1997, Saul Williams co-rédigea le scénario du film « Slam » réalisé par Marc Levin. Celui-ci retrace l’histoire d’un ancien prisonnier qui survit en prison grâce au pouvoir de la poésie. Primé caméra d’or au festival de Cannes 1998 et grand prix du Sundance Film Festival de la même année, « Slam » marque la reconnaissance du slam ou spoken word en tant qu’art à part entière.

Le Slam s'est forgé une identité dans les milieux musicaux et poétiques américains. Il est reconnu en tant qu’art oral , un art de représentation qui exprime toute sa force dans l’instant de la déclamation. Il est musique de part les rythmes, sonorités et intonations des poètes, lorsque les mots sont vivants en dehors de toute signification, lorsque les impressions et sensations que crée le poète deviennent message à part entière : lorsque la violence, la rébellion, l’amour et l’injustice sont transmis dans le flot de paroles, dans le fleuve vivant que déclame le poète charismatique. Le slam est aussi poésie de part les images dont regorgent les chansons, la poésie la moins académique qui soit. Enfin reconnu, ses influences sont plus variées que jamais : les artistes s’inspirent de rythmes hip hop, flamenco, de blues pour les mélodies ; ils décrivent la réalité de la rue, tout ce qui les frappe dans un vaste mouvement contestataire et s’attaquent à des sujets toujours plus variés ( violence, meurtres , sexualité, scandales, racisme, plagiat…). Le Slam est devenu aux USA le lieu de la liberté d’expression absolue.

Le Slam s’impose par ces principes en un mouvement communautaire où l’expression personnelle transcende l’individu pour défendre les intérêts de tout un groupe. L’essentiel est de s’exprimer, de crier haut et fort ce que les poètes académiques taisent, de parler de la vie réelle , de celle des opprimés dans les ghettos, de la violence , des meurtres au quotidien dans les grandes cités américaines et d’agir. Déjà des actions sociales sont entreprises dans de nombreux quartiers, les jeunes désœuvrés dans les rues se voient proposer de slamer . Une initiation à la poésie à la musique accompagne souvent ces actions. Des petits festivals en sont le prolongement et s’inscrivent dans le cadre d’actions de réinsertion sociale. Le Slam réalise ici ses objectifs premiers : être un art démocratique au service de la communauté.



Artistique, culturel et social , une nouvelle forme d'accès au texte à la poésie, pour des publics de plus en plus nombreux. Le mouvement SLAM représente un vivier de créateurs-citoyens qui ont pour ambition d'agir sur leur environnement et par leur art de le transposer : une certaine définition de la subversion. " le slam n'existe pas pour glorifier la poésie, mais pour célébrer une communauté dont les poètes ne sont qu'une petite partie" explique Marc Smith dans un manifeste du slam.
Des mots qui n'ont besoin d'aucun instrument pour faire leur propre musique. La poésie parlée, c'est ça le SLAM !
Sources & Liens


DL
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2 commentaires:

  1. Hello toi !
    Slam...un de mes coup de coeur... j'étais allée le voir au cinéma Utopia...visionnage du film + soirée slam sur scène ouverte à tous et de tous les âges... une belle soirée poétique, forte en émotions...
    Loin des yeux, parce qu'ils existent les jours de rien avec le silence des mots blancs, pour laver les ombres... mais nos goûts se rencontrent, se croisent...je pense à toi... et salue, moi aussi, le soleil qui est en toi ;-)
    Des bises...
    nat.

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