25 avr. 2011

Timon d’Athènes - Shakespeare & Slam d’après William Shakespeare

Je ne vais pas me la jouer en disant ici que j'ai lu tout Shakespeare, c'est tout juste si j'ai le souvenir du Songe d'une nuit d'été parcouru sur les bancs du bahut. Comme beaucoup de gens par contre, du moins il me semble, dès qu'on me parle de La Mégère apprivoisée, d'Othello (ou Le Maure de Venise), d'Hamlet et de Macbeth ou encore de Roméo & Juliette, là oui j'ai comme des vapes qui me reviennent, des bribes de tirades et la difficile question "To be or not to be"qu'on peut éventuellement traduire par : Are you big moustache ? (Comprend qui peut)...

On l'aura compris, je peux concevoir la modernité ou du moins l'intemporalité des thèmes abordés par "Willie" qui est considéré comme l'un des plus grands poètes, dramaturges et écrivains de la culture anglaise. Quand on s'attache à ce point à décrire en profondeur la nature humaine, on touche au squelette, on malaxe les émotions, les sentiments et c'est souvent la raison qui fait que je dévore un livre ou qu'une musique accompagne mes pérégrinations. Je me fonds dans l'idée qu'il existe une universalité de la condition des êtres sur notre petit bout de crouton terrestre et des expressions qui dans leur apparente diversité se confondent finalement dans la faculté d'évoquer ce qui nous réchauffe ou nous déchire les tripes... La rencontre de la culture slam / hip pop radicale et travaillée dans son écriture, son phrasé avec une œuvre de Shakespeare m'a permis, dans ce lieux superbe au long passé qu'est la Maison Des Métallos, de faire plus ample connaissance avec l'auteur de Timon d’Athènes.
Un grand merci à France Culture pour avoir rediffusé l'intégralité de la pièce.


Réalisation : Jacques Taroni.
Mise en scène : Razerka Ben Sadia-Lavant.
Dans une adaptation et une nouvelle traduction de Sophie Courronne.
Enregistré en public à la Maison des Métallos le 5 mars 2011.

À Athènes, le riche Timon, entouré d’une cour, donne à tous sans compter. Bientôt ruiné, il se tourne vers ses amis et débiteurs, qui l’abandonnent. Il part alors dans la nature sauvage et hurle sa haine des hommes, jusqu’à sa mort. Pendant ce temps, le général Alcibiade, banni par le Sénat, revient à Athènes à la tête d’une armée, punit ses ennemis et ceux de Timon, et rétablit l’ordre.
Timon d’Athènes est une des dernières pièces de Shakespeare. Il y reprend certains de ses thèmes favoris (la corruption du monde, l’argent, la dette, la folie) d’une manière abstraite et brutale, sans trop se soucier de l’intrigue. Le thème central, la misanthropie, permet de dire un refus radical du monde.
Le rap et le slam sont des modes d’expression qui conviennent à cette révolte sans compromis : ils affirment une parole réactive, une des rares à parler du réel du monde d’aujourd’hui. J'ai réuni des comédiens, des rappeurs, des slameurs et des musiciens - des corps, de la parole, du souffle et de la voix - pour raconter l'histoire de Timon d'Athènes. Sophie Couronne, avec sa nouvelle traduction, a mis des "baskets" à Shakespeare : l'histoire est jouée par des figures qui monologuent ou s'expriment en joutes verbales, rythmées directement par la musique.
Dans Timon d’Athènes, Shakespeare a très souvent recours à des joutes oratoires et à des discours où se succèdent de petites unités prosodiques, correspondant à des unités de pensée ou d’image. Sur cette base, l’adaptation réduit la pièce à l’essentiel, sous la forme de joutes et de monologues : chaque personnage expose sa trajectoire et parle pour convaincre l’assistance.
La traduction faite par Sophie Couronne avec Razerka Ben Sadia-Lavant, vise à retrouver dans un texte français l’effet de scansion de la prosodie anglaise : une rythmique que le slam peut prendre en charge.


Avec :
Timon : Denis Lavant
Apementus : Casey (et aussi ici)
Le Poète, Alcibiade, Un débiteur : D’de Kabal (également ici)
Le Marchand, Flavius, Les Débiteurs, les Sénateurs : Marie Payen
Texte de Timon d’Athènes en anglais et chant : Mike Ladd
Dans la foulée France Culture a diffusé cette création radiophonique : Ophy, Ham et moi

Voici la présentation telle qu'elle figure sur le site :
Dans « Ophy, Ham et Moi », Horatio est dans le TGV, il se souvient de son amour pour Ophélie. Qui l’a assassinée ? Car Ophélie ne s’est pas suicidée comme on le dit, on l’a purement et simplement assassinée, oui, comme la Princesse Diana, pense Horatio.
"Ophy, Ham et moi" s’adosse à "Hamlet" de Shakespeare, on y retrouve, Claudius, Polonius, la reine Gertrude, mais c’est d’aujourd’hui que le récit parle, de notre époque, des camps de concentration et des porteurs de Rolex, d'un Verdi à Covent Garden et des enfants sacrifiés par leur père sur l'autel de la politique, bref  il évoque un certain chaos du monde, sa futilité, son tragique, sa violence.
Passé et présent se percutent dans un récit de colère, donc un récit tonique. Si on veut mieux vivre, si on veut vivre tout simplement, il faut garder l’œil ouvert et n’avoir pas sa langue dans sa poche. C’est difficile d’avoir vingt ans aujourd’hui dans un monde qui brade si facilement sa dignité.



Texte de  Jean-Marie Piemme
Création radiophonique : Alexandre Plank
Avec : Jérôme Kircher et Bénédicte Cerutti
Musique : John Kaced
Montage/mixage : Emilie Pair et Philippe Pallarès
Assistante à la réalisation : Lise-Marie Barré

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