2 déc. 2010

LA SALAMANDRE d'Alain Tanner (1971)

"La salamandre est un joli petit animal de la famille des lézards, elle est noire avec des taches jaune-orange, la salamandre est venimeuse, elle ne craint pas le feu, elle peut traverser les flammes sans se brûler"
La Salamandre est un film de son époque, l'après mai 68, d’un ton anarcho-libertaire jusque dans son mode de production, la charge contre les valeurs bourgeoises et capitalistes y est virulente et néanmoins indémodable. Le point de départ de l’histoire de Rosemonde est tout de même un coup de fusil contre un vieux barbon réactionnaire, acte qu’il s’agit de ne surtout pas condamner...
Le cœur du film est donc Rosemonde (la fascinante Bulle Ogier). Venue de la campagne, elle vivote de petits boulots en métiers subalternes, les seventies permettaient de dire merde à un patron et de retrouver un boulot le lendemain même. Avec le fusil de l’armée que tout helvète mâle possède chez lui, elle a été accusée d’avoir tiré sur son oncle qui l’avait recueillie à la ville. Le jugement aboutit à un non-lieu. Elle est une jeune femme de 23 ans habitée par une révolte sauvage, sans articulation intellectuelle ou politique, mais toutefois consciente, ce qui lui fait dire : « Je ne suis pas très normale… enfin c’est ce qu’on dit. » Car en la personne de la Suisse résident toutes les valeurs honnies. Le pays d’Alain Tanner et de Rosemonde est perçu ici comme une gigantesque puissance normative et aliénante, tentée déjà par des dérives xénophobes (voir le jeu inventé par les deux écrivains dans le tramway...). 
Rosemonde devient le centre de gravité de Pierre (Jean-Luc Bideau) et Paul (Jacques Denis), deux écrivains qui se débrouillent au quotidien, chargés par la télévision d’écrire son histoire, en partant de l’épisode du coup de feu sur Tonton.

"Une majorité silencieuse est composée de gens comme vous et moi, munis de bras et de jambes, mais qui de temps à autres,dans le secret d'un isoloir, séparés de leurs frères comme aux toilettes, votent pour des cuistres et des canailles"
 La société moderne oblige, d’une manière ou d’une autre, à des formes de prostitution. Cette correspondance est au centre de La Salamandre, où Rosemonde personnifie le refus de toute concession en la matière par sa manière instinctive, presque primitive et animale, de suivre ses désirs. Dans la charcuterie industrielle où elle officie, trois séquences montrent Rosemonde remplir mécaniquement de chair des capotes, formant ainsi de dodues saucisses. Forme phallique, consentement obligé sous la surveillance d’un chef autoritaire, aspect visqueux, métaphore non voilée d’une dégoûtante éjaculation : tout y est. Et lorsqu’elle rend son tablier, la machine poursuit son œuvre et un immonde étron géant se forme sur le plan de travail. La répétition et la parfaite utilisation de la durée dans ces séquences font que l’on passe de l’aspect comique de la chose à une situation de malaise. Dans un entretien, Alain Tanner explique que la censure portugaise de l’époque (le pays est alors sous la coupe du "regretté" António de Oliveira Salazar, dictateur de son état...),  avait parfaitement compris le sens d’un plan où elle remplit exactement douze saucisses. Les autorités avaient alors réclamé une coupe au terme de la formation des trois premières. Sans doute le plus bel hommage qui puisse être fait au cinéaste et à l’aspect politique de l’étirement, de la répétition d'un plan au cinéma !


"Paul, le romancier, place son récit du côté de l’imaginaire et de la projection intellectuelle. Pierre, le journaliste, prend le parti de l’objectivité par le biais d’une enquête le mettant au contact de Rosemonde. En la rencontrant simplement pour Paul et en couchant avec elle pour Pierre, la neutralité axiologique est rompue. Les deux démarches sont allègrement englouties, sans effort ni même volonté, par la créature. Et c’est finalement un voyage au pays de Rosemonde dans la campagne catholique helvète qui met définitivement Pierre et Paul face à l’aporie de leur entreprise. Résonne ici le cheminement d’Alain Tanner, jusqu’alors documentariste, puisque c’est Paul, par le biais de ses spéculations, qui avait touché dans le mille : l’imaginaire permet de s’approcher plus près du réel. « L’imagination au pouvoir », ça vous dit quelque chose ?"
Arnaud Hée dans critikat

“A partir de l'analyse d'un fait divers presque anodin, Tanner explore à fond un personnage de femme qui échappe aux codes traditionnels de la culture ou de la conscience idéologique véhiculée par le cinéma militant post-68. Rosemonde est une représentante typique de la culture non politique, marginale, en rébellion face aux codes sociaux dominants. Elle échappe au langage, elle refuse l'autorité, le savoir et subit le travail comme une contrainte."


« Ah que le bonheur est proche ! Ah que le bonheur est lointain ! » 

"_ Quand tu fais l'amour, toi... Tu fais l'amour comme ça ou tu fais des trucs ?
  _ J'fais des trucs..."

Autre Source  :  filmdeculte


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Autour de "La Salamandre" et Alain Tanner
2 documentaires (1 vidéo et 1 audio)


Documentaire Video
Interview d'Alain Tanner : A propos de "La Salamandre" (2006)
DVDRIP | 15 min | MKV-x264 720x544 | 25 fps | AC3 192 kb/s | 199 MB

Documentaire Audio
France Cuture - Emission radio - Affinités électives d'Alain Tanner (2005)
55 min | Mp3 320 kb/s | 126 MB

RS :
Code:
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EXTRACTION :
D'abord, NE PAS JOINDRE les fichiers (pour avoir un fichier 7z).
1. Il faut directement EXTRAIRE (pour avoir un fichier rar) en utilisant 7-Zip (sous Windows),
7zX ou keka (sous Mac OS X), en partant du fichier 7z.001.
2. Ensuite, extraire le rar pour obtenir le fichier mkv.

Attention ! la bonne procédure est d'extraire juste UN SEUL fichier : le 7z.001
(le process joindra automatiquement les autres fichiers).
Ne pas prendre tous les fichiers - ne pas commencer avec un autre fichier que le 7z.001.


PARADIS POUR TOUS - Un Film d'Alain Jessua (1982)

LES SENTIMENTS - Un Film De Noémie LVOVSKY (2002)

LES VALSEUSES (1974) - Ça Balance Bien Chez Bertrand Blier

JOUEUSE de Caroline Bottaro

TOURNEE de Mathieu AMALRIC

NAISSANCE DES PIEUVRES - Film de Céline Sciamma (2007)

1 commentaire:

  1. http://kebekmac.blogspot.fr/2012/03/voix-de-femmes-81-de-bulle-ogier.html

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