21 avr. 2011

LES SENTIMENTS - Un Film De Noémie LVOVSKY (2002)

Que fait notre J.P (Bacry) national étalé ainsi dans le jardin, zoom en pogne et le sourcil accroché en accent circonflexe aux rides du front ? En fait, il faut plutôt chercher le point commun entre la chemise psyché, le Canon et la tortue... Jacques, le quinqua désabusé campé par Bacry dans le film de Lvovsky est en pleine mutation, il vient en effet de découvrir sa "nouvelle personnalité" et bien qu'il la revendique, rien n'est simple et ça sent dangereusement le dommage collatéral, le clash dans sa vie de couple avec Carole, l'impeccable et exaltante Nathalie Baye...

Un jeune ménage, François (Melvil Poupaud) et Édith (Isabelle Carré) emménagent dans la maison en face de celle de Carole & Jacques. François, tout frais émoulu de la fac de médecine, s’apprête à reprendre le cabinet de médecin de campagne de Jacques. On fait plus ample connaissance avec le quatuor au travers de deux conversations, l'une entre les hommes qui se briffent sur le poste à pourvoir, l'occasion pour Jacques d'étinceler par son charisme sur l'aspect dérisoire de sa vocation de médecin, une pépite de dialogue flirtant avec l'humour noir, jubilatoire. POur les deux femmes, la complicité qui s'installe peu à peu, débute autour de quelques madeleines et... quelques godets bien dosés au Porto que Carole a souvent à portée de gosier. Même si son ivresse et son addiction revêtent en apparence des allures enjouées, le personnage de Nathalie Baye souffre visiblement d'un manque et la cérémonie des rideaux prête volontairement  à sourire mais la détresse se lit entre les plis... du tissu. Quant à Édith, elle a une vision quasi eucharistique de son union et on la devine prête à se laisser aller à la recherche du bonheur amoureux quoiqu'il en coûte... Mais ce n'est pas uniquement avec François que sa quête de plénitude va s'exprimer.

Pour ponctuer le récit, Noémie Lvovsky et sa co-scénariste Florence Seyvos utilisent une chorale qui commente les nœuds de cette histoire très humaine riche en émotions même si on pressent que tout peut basculer d'un instant à l'autre... "D'abord, nous nous sommes dit que nous allions raconter une histoire d'adultère, ensuite nous nous sommes demandé comment prendre en compte la banalité d'une histoire pareille, et c'est là que sont arrivées les chansons (...) La chorale est comme un spectateur. Elle assiste, impuissante, aux événements. Mais elle en sait davantage qu'un vrai spectateur, elle connaît le dénouement. Elle est aussi le cinquième personnage, celui qui accompagne les quatre autres et chante leurs sentiments profonds. " a commenté N. Lvovsky. Elle a ajouté : "Ce sont les films de François Truffaut qui m'ont fait aimer le cinéma (...) A l'adolescence, j'ai vu Baisers volés et tous les films de Truffaut, puis j'ai découvert ceux de Maurice Pialat. Depuis, je me sens tiraillée entre leurs deux familles. Le mélancolique qui aime le spectacle plus que la vie, qui fait des films pour raconter une vie plus belle, plus drôle ou plus romanesque, et l'enragé qui arrache à la vie des bouts de vie tout crus. "

Noémie Lvovsky est aussi une grande lectrice des pièces de Musset.
"On ne badine pas avec l'amour a certainement influencé le scénario, sans que l'on s'en rende compte... C'est une pièce que j'ai dû lire une cinquantaine de fois. "
Je n'ai pas parlé des enfants du couple Baye/Bacri dans ce film mais ils ne manquent pas de piquant non plus, des ados en pleine ébullition très créative...
Seul le personnage de Melvil Poupaud est un peu terne, trop sûr de lui là même où il devrait être plus attentif.





Les sentiments (good quality, les aminches mais il faut se logger et utiliser le petit logiciel PeerBlock pour faire la nique à Hadopi sinon en DDL, vous trouverez facilement je pense ;-))

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