7 mars 2011

VIGILANCE ANTIFA : La Recomposition De L'extrême Droite Française

Marine Le Pen est intelligente, elle a hérité du charisme paternel avec en plus cette voix un peu rauque qui peut en exciter certains... Son discours est carré, suffisamment simple et efficace. Elle reprend à son compte le ressentiment des "petits, des obscurs, des sans-grades"(Edmond Rostand dans l'Aiglon) envers la mondialisation, la perte de repères culturels pré-établis, les incertitudes et les angoisses collectives qui germent et accompagnent les périodes de crise et les mutations de civilisation. Devenue, en apparence, l'apôtre alter-mondialiste qui fustige le grand Capital (dont elle est issue), elle cite, pèle-mêle, dans son discours d'investiture Paul Émile Victor, La déclaration des droits et des devoirs de l’Homme et du citoyen de 1789...

...Et même Jaurès ("A celui qui n’a plus rien, la Patrie est son seul bien") et quand elle affirme que nous vivons "l'oppression du désordre", elle se réfère à la phrase de Charles Péguy : "Seul l'ordre fait la liberté". Ses propositions convergent vers un seul et unique but : Le repli sur la Nation qui est au cœur du processus étatique. La République devient le prétexte pour en découdre avec les communautés souvent confondues avec le communautarisme, les tentatives théocratiques de déstabilisation (avec l'Islam dans la ligne de mire) et la délinquance (trafic de drogue dans les quartiers), l'amalgame est évident, la boucle est bouclée. Le programme du FN est toujours le même, il suffit de s'y référer... Je cite : A l’inspiration du Comte de Clermont Tonnerre  nous proclamons : « tout pour les citoyens, rien pour les communautés » : nous ferons inscrire dans la Constitution : « La République ne reconnait aucune communauté ». On appréciera le clin d'œil à la mouvance royaliste du FN. Car malgré l'unité de façade affichée (tout comme à l'UMP d'ailleurs), le Front est un conglomérat de composantes politiques et idéologiques issues des différentes mouvances nationalistes, vichystes, rexistes, conservatrices, anti communistes, racistes, xénophobes, traditionalistes et intégristes (catholiques, cette fois) qui ont émaillées la vie politique depuis le début du 20éme siècle. Jean Marie Le Pen s'est employé à fédérer ces différents courants avec quelques échecs comme la création du MNR de Bruno Mégret, fidèle lieutenant, devenu le "félon" lors de la scission de 1998. Marine Le Pen assure donc la passation de pouvoir en digne et légitime héritière du père fondateur, Bruno Gollnisch rentre dans le rang et l'édifice est maintenu tout en réaffirmant les mêmes vieilles complicités idéologiques : "l’Etat doit défendre les principes contenus dans notre devise nationale liberté/égalité/fraternité qui ne sont rien d’autre que les principes chrétiens sécularisés." Amis de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, je vous ai compris...

Alors bien sûr, à l'UMP on serre les miches et on en rajoute une couche sur le voile porté par des mères de famille accompagnant des sorties d'élèves, Little Goulash se découvre une vocation pour l'architecture romane ou gothique de nos belles églises bien de chez nous, on tend la main aux pitres de service érigés quasiment en martyrs en contestant une décision de justice... La droite au pouvoir se veut décomplexée, il fallait bien s'attendre à ce qu'elle se fasse déborder sur sa...droite. Le FN est une énorme épine dans le pied du gouverne-ment. Pendant les années Mitterrand, il avait été instrumentalisé (ou diabolisé, selon l'angle où on se place) pour affaiblir le RPR de Chirac et c'est maintenant les promesses populistes et démagogiques non tenues de Little Goulash qui lui reviennent à la face comme un boomerang.



Lofofora le cochemar recommence
envoyé par arieone


J'ai apprécié un article de Philippe LAMY, (personne-ressource du groupe de travail « Extrême droite » de la LDH ), j'ai eu envie d'en faire l'écho sur ce blog, je n'ai fait qu'ajouter des liens là où la précision s'impose  :
      
Les commentateurs semblaient avoir été surpris par les bons scores obtenus par le FN aux élections régionales de mars 2010. Pourtant, toutes les conditions étaient remplies pour qu’une formation nationaliste, populiste, puisse réussir à tirer son épingle du jeu dans une élection de ce type…
Beaucoup étaient tentés de décréter la fin de l’extrême droite française, à la veille des élections régionales de mars 2010. Le FN avait en effet subi un recul indéniable lors des élections européennes, marqué par une perte de 3,5 % par rapport à 2004, ne conservant que trois élus.
Il est vrai que la formation de Jean-Marie Le Pen connaît une triple crise : crise financière l’obligeant à changer de siège, crise militante avec de nombreux départs et scissions, et enfin crise de leadership provoquée par le départ de celui qui fut le chef du FN depuis 1972. Hostiles à une éventuelle prise de pouvoir en interne par Marine Le Pen, les scissions se sont succédé depuis trois ans. Ce fut d’abord l’équipe des « anciens » du Parti des forces nouvelles (PFN) autour de Roland Hélie et Robert Spieler, rejoints depuis par Pierre Vial, qui constitua la Nouvelle Droite populaire (NDP). Puis, s’appuyant sur de nombreux conseillers régionaux déçus de ne plus figurer sur les futures listes, Carl Lang constitua à son tour sa propre formation, le Parti de France (PDF). Enfin, il faut mentionner le départ du « national-communiste » Alain Soral, qui s’est rapproché de Dieudonné pour constituer une liste « antisioniste » lors des élections européennes. Alliés à ce qu’il reste du Mouvement national républicain (MNR), les listes régionales de la NDP et du PDF n’ont pas dépassé les 3,8 %, perdant tout espoir d’obtenir des élus.

Comptant peu de militants, elles n’ont plus le choix que de suivre les initiatives d’autres groupes, plus radicaux encore. Il a toujours existé une mouvance radicale qui gravite dans et autour du FN, plus particulièrement dans son organisation de jeunesse, le Front national de la jeunesse (FNJ), qu’elle soit néonazie, skinhead, néofasciste ou nationaliste révolutionnaire. Lucien Rebatet décrivait l’histoire de l’Action française comme un « chapelet continu de dissidences » (Les Décombres, 1942). C’est en fait toute l’histoire de l’extrême droite et du Front national.
Aujourd’hui, cette recomposition se fait autour de deux thèmes majeurs : la défense de l’identité, nationale ou européenne, et la lutte contre l’islam et l’immigration. Nous assistons peut-être à l’émergence d’une nouvelle extrême droite, même s’il vaudrait mieux parler d’extrêmes droites au pluriel (C’est d’ailleurs le titre de l’ouvrage, publié en juin 2009 et aux éditions Syllepses, de J.-P. Gautier : Les Extrêmes droites en France). A priori, il n’y a rien de commun entre un catholique, adepte des thèses suivies par la Fraternité de Saint-Pie-X, et un néopaïen de Terre et Peuple. C’est une nouvelle génération, née à la fin des années 1970, quand l’opinion publique découvrait pendant l’été 79 l’existence d’une « nouvelle droite », et qui ne connaît du FN que ses (premiers) succès électoraux. Ses militants et responsables n’ont pas été mêlés aux engagements de leurs aînés, que ce soit dans la collaboration ou dans l’OAS, même s’ils continuent de les « vénérer ». Cette extrême droite se complaît dans le passé et se retrouve pour commémorer le 6 février 1934, le 1er mai lors de la manifestation du FN, ou le 9 mai pour honorer la mémoire de Sébastien Deyzieu (Militant d’extrême droite décédé en 1994 après une chute, lors d’une manifestation, organisée par le Gud et les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), interdite par le ministère de l’Intérieur.). Elle dispose d’un fond intellectuel, idéologique, dont elle n’hésite pas à faire régulièrement référence.

De nouvelles extrêmes droites
On peut distinguer, au sein de cette extrême droite radicale, trois groupes principaux : le Bloc identitaire, le plus organisé et structuré – mais pas forcément le plus voyant –, qui multiplie les actions, comme la distribution de « soupe au cochon » aux SDF, l’entrisme dans les groupes de supporters (Nice et le PSG), la création de « maisons régionales », toujours au nom de la défense de l’identité, et qui utilise Internet comme d’une arme de guerre, via ses nombreux sites (dont « Novopress »). Les Identitaires possèdent des contacts à l’étranger, comme avec la Ligue lombarde et des néofascistes « autonomes » (Casa Pound). Le Renouveau français est également très actif, avec de nombreux jeunes, se définissant comme « nationalistes, catholiques et contre-révolutionnaires ». Serge Ayoub, dit « Batskin », est réapparu dans le paysage et cherche, autour de l’événement du 9 mai, à ordonner cette ultradroite radicale autour des différents groupes skinheads, des « nationalistes autonomes », qui s’inspirent de leurs homologues allemands, voire du Groupe union défense (Gud) recomposé. Il a réussi cette année à organiser un défilé de près de six cents activistes avec slogans (« Europe, Jeunesse, Révolution ! ») et drapeaux noirs (ceux du fascisme et du Front noir des frères Strasser). Tout ceci prêterait à sourire si de nombreux membres de ces groupes n’étaient impliqués depuis des années dans des actes violents, agressions physiques, profanations de cimetières ou incendies de mosquées.
Peut-on oublier la tentative d’assassinat de Jacques Chirac en 2002 par un de ces militants ? Et cette violence est non seulement assumée mais revendiquée, considérée comme « un moyen, parfois une juste et impérieuse nécessité », devant « en tout cas toujours rester une possibilité » (ID magazine (journal des Identitaires), automne 2008).


Il est donc un peu tôt pour enterrer définitivement l’extrême droite. Ainsi, en Autriche, la plupart des commentateurs pensaient en avoir fini avec le parti de Jörg Haider, décédé en 2008. Le 28 septembre 2008, le cumul des suffrages donnait 29 % des voix aux élections législatives pour les formations d’extrême droite autrichienne (FPÖe et L’alliance pour l’avenir de l’Autriche (BZÖ) de Jörg Haider). La crise économique et financière peut redonner du grain à moudre à une extrême droite national-populiste, sous réserve qu’elle soit en ordre de bataille. En Grande Bretagne, fait sans précédent depuis 1945, le British National Party (BNP) obtient pour la première fois deux élus au Parlement européen. 


L’acte fondateur de la présidence
Et en France ? Marine Le Pen vient de prouver à deux reprises que sa stratégie était la bonne. Elue députée européenne, elle a obtenu le meilleur score de son parti dans sa région avec 10,18 %. Avec 22,2 %, soit quatre points de plus qu’au premier tour, elle récidive aux régionales. Ces résultats la confortent dans sa volonté de transformer son parti afin de le rendre « crédible » politiquement, de ne plus être simplement, comme elle l’écrit, « le caillou dans la chaussure du système », mais de « se préparer à appliquer [ses] idées » (Marine Le Pen, A contre flots, Grancher, 2006). Marine Le Pen entend « dédiaboliser » le FN en écartant tous les sujets liés à la Seconde Guerre mondiale, quitte à prendre ses distances avec son père lui-même.

Ira-t-elle vers des alliances avec la droite ? Il n’y a pas, en tout cas, de place en France pour une stratégie dite « à l’italienne », suivant ainsi la mutation de l’ancien parti néofasciste, le Mouvement social italien (MSI), transformé en « Alliance nationale ». Un FN « modéré » n’intéresse pas, on l’a vu avec l’échec du Mouvement pour la France (MPF). Au contraire, l’ancien président du MSI a décidé de suivre la voie de l’UMP en décidant, en mars 2009, de fusionner avec Forza Italia afin de créer le parti Peuple de la liberté. C’est l’UMP de Nicolas Sarkozy qui constitue le modèle.
L’élection de ce dernier en 2007 marque un véritable tournant dans l’histoire des droites françaises. Pour la première fois depuis 1958, les Français ont élu un homme qui se réclame d’une « droite décomplexée » rompant avec le gaullisme, le « libéralisme avancé » ou le « travaillisme à la française ». Nicolas Sarkozy n’a pas été élu pour « réduire la fracture sociale » mais pour mettre en oeuvre la « rupture » et mener une « révolution conservatrice ». Le candidat de l’UMP a osé reprendre à son compte le thème de « l’identité nationale », en l’associant à l’immigration.

Aujourd’hui,la recomposition de l’extrême droite se fait autour de deux thèmes majeurs : la défense de l’identité, nationale ou européenne, et la lutte contre l’islam et l’immigration
C’est Emmanuel Todd qui a fort justement écrit que le péché originel ou l’acte fondateur de la présidence a été constitué par « l’ensemble des provocations antijeunes, antiimmigrés, antimusulmans, qui ont permis [à Nicolas Sarkozy] de rallier une partie de l’électorat du FN » (Emmanuel Todd, Après la démocratie, Gallimard, 2008, p. 127).
Ce thème de l’identité nationale n’est ni neutre ni nouveau. Le Club de l’horloge et le Club 89, laboratoires idéologiques de la droite française, avaient théorisé dans les années 1980 autour des thèmes de l’identité française mais aussi de la « préférence nationale ». On oublie trop souvent que c’est la droite parlementaire UDF/RPR qui a exploité les thèmes de l’immigration et de l’insécurité, sous l’influence de ces laboratoires idéologiques, après 1981, permettant au FN de s’engouffrer dans cette brèche.

A chaque groupe sa stratégie
Depuis 2007, le président de la République a continué de jouer sur le registre de l’insécurité. Mais son discours a trouvé des limites dans les faits. Les actes violents, notamment « gratuits », sont en très nette augmentation, amplifiés par Internet et les vidéos « pirates ». Il n’y a pas de semaine où des rixes entre bandes sont évoquées. Et ce discours sécuritaire ne peut masquer les réalités de la crise économique qui frappe plus particulièrement le tissu industriel français, avec une augmentation très significative du chômage, notamment chez les jeunes, cette crise qui constitue toujours le « terreau » de l’extrême droite, pour reprendre l’expression de Jean-Pierre Stirbois, l’ancien secrétaire général du FN, décédé en 1988.
Jacques Julliard rappelait, dans la revue Mil neuf cent, que l’extrême droite vit dans « l’interruption et le pointillé, à la manière de ces rivières qui s’enfoncent momentanément sous terre pour resurgir plus loin » (Mil neuf cent (n° 9), « Les pensées réactionnaires », 1991). Cette extrême droite française n’a pas disparu. Elle peut s’organiser autour de trois à quatre pôles.
Le premier peut être constitué par la droite extrême, « passerelle » entre la droite et l’extrême droite. C’est le rôle joué par le MPF de Philippe de Villiers, qui a accueilli de nombreux transfuges du FN et du MNR. Cette droite souverainiste reste sur le champ électoral, et n’a jamais frayé avec les antisémites ou les négationnistes. Elle est destinée à être absorbée par le parti de droite majoritaire, car elle doit passer des alliances pour conserver et gagner des élus (Philippe de Villiers siège désormais au sein du comité de coordination de l’UMP).

Le deuxième pôle serait organisé autour du FN et de son leader. Dans l’hypothèse où Marine Le Pen réussirait son pari, nous aurions une extrême droite national-populiste, débarrassée des « oripeaux du passé », avec une jeune génération sans passé compromettant. Il lui faudra alors déterminer une stratégie. Tout en se donnant l’apparence de crédibilité politique, le FN devra « radicaliser » son discours afin de retrouver et de conserver un électorat, son électorat. Mais sur le terrain de la radicalité, le FN devra se positionner, face à un troisième pôle constitué autour de « l’identité » par le Bloc identitaire, la NDP, le groupe de Carl Lang. Ce groupe sera tenté de multiplier les actions et les initiatives afin de contrer Marine Le Pen. Le dernier pôle regroupe enfin les vestiges de l’extrême droite classique française, l’une des trois droites chères à René Rémond, la droite contre-révolutionnaire sur laquelle s’appuie Bruno Gollnisch, celle des maurrassiens, qui n’ont jamais admis 1789, les tenants du « Dieu-famille-patrie », les nostalgiques de l’Etat pétainiste.
Lorsque la LDH décida en 1982, sous l’impulsion de Madeleine Rebérioux, de créer une commission chargée de suivre et d’étudier l’extrême droite afin de mieux préparer les réponses et ripostes, le FN n’était encore qu’un groupuscule. Mais elle pressentait que les conditions étaient remplies pour que l’extrême droite prospère. Vingt-huit ans plus tard, devrions-nous changer de pronostic ? Malheureusement, rien n’est moins sûr.

 Ajout du 10.03.2011 : Document envoyé par une amie CéNéTiste
Alerta antifascista : l'extrême droite à l'assaut de nos idées et de nos luttes
mercredi 9 mars 2011
En pleine recomposition, l’extrême droite [1] reprend du poil de la bête à la faveur de la profonde crise que nous traversons, et qui n’épargne pas le champ politique. Malheureusement, cette offensive intervient à un moment où les rapports de forces qui structurent ce dernier ne sont paradoxalement pas du tout favorables à la gauche de gauche, aux anarchistes et aux libertaires, alors même que ces courants sont les seuls susceptibles de répliquer efficacement à cette menace.
Attention, ami-e-s et camarades anticapitalistes et anti-impérialistes : désormais les fascistes chassent sur nos terres, critiquant la « finance mondialisée » (resucée du traditionnel « complot » des « élites » derrière lequel se cache la figure non moins traditionnelle de la « banque juive ») ou le « sionisme » (manière plus « présentable » pour eux de tenir des discours antisémites) [2], voire se proclamant favorables à la décroissance ou à la relocalisation de l’économie.
Si le phénomène n’est pas nouveau, il est en pleine expansion ces dernières années. Le personnage caricatural de Dieudonné et le spectacle de sa volte-face idéologique – ex-humoriste anti-raciste bien pensant devenu depuis cofondateur du premier parti antisémite qu’ait connu la France depuis la seconde guerre mondiale [3] – constituent un archétype en la matière.
Nul étonnement donc à ce que depuis quelques mois, la présence de groupuscules d’extrême droite et conspirationnistes – ces deux mouvances étant intimement liées – augmente significativement dans nos rues. Cette montée en puissance est particulièrement inquiétante et s’est traduite ces derniers mois par :

- La publication d’un appel bidonné à un mouvement anti-banques qui a été largement médiatisé malgré son manque de pertinence économique et politique et qui a malheureusement rencontré un certain succès auprès de sympathisants de la gauche de gauche ;
- Des infiltrations dans nos manifs ;
- La tenue d’assises xénophobes en plein Paris ;
- Des manipulations ayant conduit à des violences policières à l’encontre de militants à Lille ;
- Des intimidations en série à Lille toujours, phénomène qui paraît allers’accantuant
- Non loin de Lille, à Steenvoorde, ville qui accueille un camp de migrants érythréens, une manifestation de la Vlaams Huis et d’Opstaan ayant donné lieu à des négociations secrètes entre police et fascistes et, fort heureusement, à une contre-manifestation antifasciste ;
- La livraison du centre-ville de Tours au FN par la mairie PS ;
- Une semaine plus tard dans le même ville, une manifestation homophobe et nationaliste du groupuscule Vox Populi ;
- L’entrée au bureau national du FN de Laurent Ozon, un écologiste au parcours aussi douteux que son réseau d’influence semble être étendu dans la mouvance écolo et décroissante de gauche comme de droite, et qui permet à Marine Le Pen de discourir désormais sur la relocalisation de l’économie ;
- Le doublement des Verts-Europe Ecologie sur leur gauche par une Marine Le Pen qui a réussi seule à faire reporter le vote d’une subvention à une endive hybride au conseil régional de Nord-Picardie ;
- A Besançon, Toul et leur région, une multiplication des agressions émanant des « Autonomes lorrains », qui copient les méthodes et les tenues des black blocs ;
- L’ouverture de pseudo-centres culturels fascistes inspirés des Casapounds italiens (Vlaams Huis à Lille et Desouchière dans le Morvan) ;
- Des inflitrations fafs dans des squats parisiens ;
- Une tentative d’infiltration conspirationniste dans le mouvement social alsacien ;
- L’ouverture d’une salle de concerts néonazie à Lyon ;
- La multiplication de sites et blogs pratiquant ouvertement un confusionnisme politique malsain en mêlant références d’extrême droite et références d’extrême gauche et qui malheureusement rencontrent un succès grandissant : citons par exemple le site de Michel Collon, mais aussi Dazibaoueb ou Le Grand Soir (qui bien que classé à gauche n’hésite pas à publier des communiquer des communiqués du Parti Antisioniste, à soutenir au nom d’un anti-impérialisme dévoyé les pires dictatures : Iran, Libye, Cuba, etc.) ;
- La multiplication de mouvements mêlant les références à la fois marxistes, républicanistes, laïcistes et nationalistes : PRCF, Riposte laïque ;
- La montée en puissance des thèses conspirationnistes, dont les principaux théoriciens sont tous très à droite de l’échiquier politique et dont les tenants fricotent régulièrement avec des mouvements d’extrême droite, voire sont fafs : le Réseau Voltaire, Mecanopolis, We Are Change, Solidarité et Progrès (larouchistes) ou Egalité et Réconciliation (Alain Soral) font beaucoup de bruit autour de ces thématiques sur Internet.
Alors que le Front national est loin d’avoir poussé son dernier cri et semble au contraire retrouver un nouveau souffle – aidé en cela par les médias qui chouchoutent une Marine Le Pen désormais « fréquentable » –, on voit bien que c’est l’ensemble des mouvances composant l’extrême droite qui se renforce actuellement, à la faveur de la crise économique qui s’approfondit (avec toutes les conséquences sociales qui en découlent), mais aussi grâce à des tactiques rodées de propagande, d’infiltration, d’agitations diverses. En s’affirmant désormais « anticapitaliste », « anti-impérialiste » ou encore « antisioniste », l’extrême droite contribue à escient à entretenir un confusionnisme susceptible de jeter le soupçon voire le discrédit sur ces luttes pourtant légitimes. En même temps, elle cherche à affaiblir les forces progressistes en attirant à elle des militants potentiels, soit le plus souvent personnes peu politisées ou en cours de politisation et donc assez perméables à leur tentatives de récupérations.
Force est de constater que malheureusement, à l’heure actuelle, la réplique ne semble pas être à la hauteur de l’enjeu. Pourtant, plus que jamais, la vigilance à l’égard de ces dérives est de mise et la contre-offensive antifasciste contre ces menaces et violences d’une impérieuse nécessité.
ALERTA ANTIFASCISTA !


PS : Pour un panorama plus complet, nous vous invitons à (re)lire les articles parus sur le sujets ces dernières semaines dans CQFD ou dans le mensuel Article 11, de même que le dossier du Monde diplomatique de janvier 2011 consacré à l’offensive des extrêmes droites en Europe, et toujours bien sûr les analyses très documentées du site de la revue antifasciste Reflex(es).


[1] Il faudrait même parler des extrêmes droites au pluriel, tant les mouvances qui composent cette partie du champ politique sont diverses et divisées (notamment sur la question israëlo-palestinienne), même si elles se retrouvent sur l’essentiel : autoritarisme, haine de l’étranger, culte du chef, nationalisme exacerbé, opportunisme politique, démagogie.
[2] Il est bien évident que nous ne suggérons pas ici qu’antisionisme et antisémitisme seraient identiques. Le premier est une opinion politique tout à fait défendable tandis que le deuxième relève du racisme. Ceci dit, le prétendu « antisionisme » de certains courants de l’extrême droite est de pure circonstance, et une manière bien pratique de camoufler leur antisémitisme. Parallèlement, d’autres courants s’affichent, de manière tout aussi opportuniste, « prioritairement » islamophobes et prétendent soutenir Israël, percevant le « danger islamiste » comme la menace prioritaire qui pèserait sur notre « civilisation » (européenne, chrétienne et blanche, of course).
[3] Non pas que d’autres organisations n’aient pas porté d’idées antisémites sur la scène publique depuis 1945, mais la particularité du Parti Antisioniste (PAS) est de s’être construit et d’avoir fait campagne uniquement autour de ce thème.    (Tx Nato ;-)
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