Le Président est adapté du roman éponyme de George Simenon.
Le synopsis : Ancien président du Conseil, Émile Beaufort consacre l'essentiel de son temps à écrire ses mémoires qu'il dicte à sa secrétaire, Mlle Millerand.
À l'occasion d'une grave crise politique ministérielle, les journaux annoncent la probable nomination par le président de la République de Philippe Chalamont, président du Groupe des Indépendants Républicains à la Chambre des députés.
Or, une quinzaine d'années auparavant, cet homme politique, intelligent, fin et galant et, à l'époque, directeur du cabinet à la présidence du Conseil fut à l'origine d'un scandale financier qui a coûté près de 3 milliards de francs anciens à la France. Blessé de cette trahison, le président Beaufort le limogea de son poste et garda les aveux écrits de Chalamont.
Mais, coup de théâtre, Chalamont revient avec l'ambition de devenir le chef du gouvernement. Brandissant la menace de donner la lettre à la presse, Beaufort contraint Chalamont à réfléchir aux conséquences s'il acceptait la proposition du chef de l'Etat... (Wikipedia source)
Dans une scène d'anthologie, Beaufort (Jean Gabin) et Chalamont (Bernard Blier)s'affrontent dans l'hémicycle sur un projet d'union douanière européenne. Ce sont en réalité deux visions de l'Europe (et de ses frontières) qui sont énoncées. Celle de Gabin est plutôt protectionniste, on a affaire au capitalisme à l'ancienne, le libre échange se fait au sein d'un système libéral modéré et régulé, où la concurrence n'est pas sensée nuire aux PME. Le fruit du travail est au cœur des rouages économiques.
Celle de Blier est très "proche" (pour ne pas dire "presque moins pire") de la réalité économique dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Elle repose sur la mise en place de trusts nationaux & internationaux gérés par un actionnariat échappant à tout contrôle politique et/ou gouvernemental. "On ne vous demandera plus d'appuyer un ministère mais de soutenir un gigantesque conseil d'administration !" dixit Émile Beaufort.
Rappelons pour mémoire que ATTAC s'est créé pour contrer un projet économique d'inspiration ultra-libérale : l' AMI (voir également ici).
Beaufort sait que le gouvernement ne votera pas pour son projet et que son parcours politique en tant que président du Conseil s'arrête là. Son discours est donc une sortie de scène, un baroud d'honneur. On "goûtera" particulièrement la longue liste dénonçant la collusion d'intérêts privés (ceux des députés) avec ceux de la nation. Le président lui-même est issu de la classe des possédants et semble cracher dans la soupe mais sa revue de détail se clôt sur cette phrase terriblement symbolique : "Je vous demandais d'oublier ce que vous êtes..."
Le charisme de Gabin, la verve de Blier et les dialogues d'Audiard rendent la scène du film particulièrement grandiose et évocatrice. Je trouvais ce passage visionnaire dans la pertinence de son contenu mais Kyra (amie internaute) le trouve juste tragique et à bien y réfléchir, depuis un demi-siècle en effet c'est le camp des "Chalamont" qui mène la danse...
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